Avec notre envoyée spéciale à Karachi, Sophie Malibeaux
Ce n’est pas la première fois qu’une grande figure politique est assassinée au Pakistan, mais, cette fois, cela va plus loin. Dès son arrestation, le meurtrier, Qadri, a été promu au rang de héros pour avoir tué l’homme qui avait osé critiquer l’application de la loi sur le blasphème. Loin d’être ébranlés par la justice pakistanaise et les accusations portées contre Qadri, les religieux encensent aujourd’hui le meurtrier.
Le chef du Jamaat alhe Sunnat, à Karachi, Shah Tarab ul Haq fait partie de ses défenseurs. « Mumtaz Hussein Qadri est accusé de meurtre, il a d’ailleurs avoué son crime. D’après la loi pakistanaise, il devrait être pendu. Il l’a accepté. Mais vous savez, Ali Bhutto lui aussi avait été condamné à mort à l’unanimité par les juges de la cour suprême et il est depuis devenu martyr, on l’appelle Shahid, qu’y a--il de mal à cela ? ».
Ces propos sont ceux du leader d’une organisation religieuse qui a pignon sur rue. Ils n’ont rien d’étonnant de la part de Shah Tarab ul Haq. Il fait partie de ceux qui ont voté la loi sur le blasphème en 1986. Le discours est néanmoins lourd de menaces pour tous ceux qui seraient tentés d’émettre la moindre critique à l’égard de cette loi et de ses abus.