Inquiétude des intellectuels pakistanais face à la progression de l’extrémisme religieux

Les obsèques de Salman Taseer le gouverneur du Pendjab qui se sont déroulées à Lahore, le mercredi 5 janvier 2011, ont réuni des milliers de Pakistanais. La population a donc bravé les extrémistes musulmans qui avaient brandi la menace de rétorsion pour leur présence en ces lieux. Mais l’inquiétude face à l'extension du fondamentalisme au Pakistan et à ses conséquences ne cesse de grandir.

Avec notre correspondante à Islamabad, Nadia Blétry

Au lendemain de l’assassinat du gouverneur du Pendjab, les intellectuels s’inquiètent de la radicalisation croissante au Pakistan. Une islamisation liée à deux facteurs : la progression des idées extrémistes d’une part mais aussi et surtout, les méthodes très radicales qui réduisent au silence les plus modérés.

C’est pour s’être opposé publiquement à la loi sur le blasphème qui punit de mort quiconque insulte le prophète Mahomet que le gouverneur du Pendjab a été assassiné. Quant aux radicaux, ils redoutent de moins en moins de s’exprimer dans l’espace public. Mercredi 5 janvier 2011 par exemple, lors de la première comparution du meurtrier de Salman Taseer devant la cour, des avocats l’ont accueilli en héros. Ils lui ont jeté des pétales de rose en signe de gratitude. Et depuis l’assassinat du gouverneur du Pendjab, on peut lire sur les réseaux sociaux comme Facebook des messages de soutien à l’assassin de Salman Taseer.

Un certain nombre de voix libérales continuent pourtant à s’élever pour mettre en garde contre les dérives conservatrices de la société mais c’est un combat de plus en plus risqué. Des dizaines de milliers de personnes s’étaient réunies mercredi à Lahore pour les funérailles de Salman Taseer, en dépit des menaces de 500 religieux. Des religieux qui ont expliqué que ceux qui prieraient pour le gouverneur du Pendjab risqueraient d’en subir les conséquences. Une minorité d’extrémistes continue à prendre en otage une population qui reste majoritairement modérée.
 

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