Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Des voyageurs assis sur leurs bagages dans l’aéroport du Caire, drapeaux rouge de la République populaire de Chine à la main, l’image fait la couverture de plusieurs quotidiens ce 1er février à Pékin. Manque de combustible, manque de nourriture, plusieurs reportages font allusion aux 48 heures d’attente des ressortissants chinois bloqués en Egypte.
Les photos des manifestations, en revanche, ont disparu. L’accent étant mis désormais sur « l’appel au calme » et la «reconstruction de l’économie ». Un « défi » selon le moteur de recherche Baidu qui évoque notamment la dégringolade des Bourses dans le monde et « l’enjeu stratégique » pour le pétrole et le commerce que représente le canal de Suez. C’est le Huan Qiu Shi Bao, le journal des Nouvelles du Monde qui a donné le ton lundi : « Les Occidentaux tentent d’infléchir la direction prise par l’Egypte » .
Le même organe prévenant dès dimanche des risques de chaos entraînés par ces « révolutions colorées », allusion directe aux révolutions qui ont secoué l’Europe de l’Est voici quelques années. Appel au dialogue, retour au calme. Un jeune livreur de pain à vélo croise un char de l’armée égyptienne sur la Une du Global Times en version anglaise avec ce surtitre « l’opposition est trop faible pour prendre le pouvoir ».
Même coup de balais sur internet et dans la blogosphère. « Deux nouveaux avions partent pour l’Egypte », « le vice-président égyptien veut dialoguer avec les opposants » retient ce matin le site d’actualité Sina.com. « C’est le Tiananmen égyptien ! » rétorque dans un Twitter l’avocat et activiste, Teng Biao, à propos d’une image d’un manifestant posté devant un char, Twitter étant censuré en Chine.