En Birmanie, Aung San Suu Kyi, enfin libre

Après plus de sept ans en résidence surveillée, la Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi est officiellement libre. Elle est sortie et elle a salué des centaines de ses partisans massés depuis des heures devant sa maison qui ont laissé exploser leur joie dès l'annonce officielle. S'adressant à eux, Aung San Suu Kyi les a invités à travailler «ensemble» pour l'avenir du pays. Elle a aussi annoncé qu'elle interviendrait dimanche 14 novembre au siège de la LND, son parti dissous.

L'opposante Aung San Suu Kyi, symbole de la lutte pour la démocratie en Birmanie, a été libérée samedi 13 novembre 2010 après plus de sept ans consécutifs de résidence surveillée, a indiqué à l'AFP un responsable birman sous couvert de l'anonymat.

Des responsables officiels ont pénétré dans sa maison, rue de l'université, vers 17h00 (10h30 GMT) pour lire à l'opposante l'ordre de libération de la junte, le jour où arrivait à son terme sa dernière condamnation à 18 mois de résidence surveillée.

« Elle est libre maintenant », a indiqué ce responsable sous couvert de l'anonymat. Selon une journaliste de l'AFP, environ 2 000 personnes se trouvaient à proximité du domicile de la lauréate du prix Nobel de la paix, qui n'a jamais pu circuler librement depuis mai 2003.

Nombreuses réactions dans le monde

Dans un communiqué de l'Elysée, le président Nicolas Sarkozy a mis en garde les autorités birmanes contre « toute entrave à la liberté de mouvement et d'expression » de Mme Aung Sang Suu Kyi, estimant que cela « constituerait un nouveau déni inacceptable de ses droits ». Depuis Yokohoma au Japon où il participe au sommet de l'APEC,  le président américain Barack Obama s'est félicité de la libération de celle qu'il a nommé « mon héroïne » en même temps qu'il a appelé à la libération de tous les détenus politiques de Birmanie. Le secrétaire général de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean), le Thaïlandais Surin Pitsuswan, s'est déclaré « très, très soulagé ». Pour David Cameron, le Premier ministre britannique, la libération de Aung San Suu Kyi, symbole de la lutte pour la démocratie en Birmanie, « aurait dû être faite depuis longtemps ». 

La militante qui n'a jamais rien cédé

Elle est avant tout la fille du général Aung San, le père de l'indépendance birmane, assassiné en 1947, quelques mois avant la décolonisation de son pays pour laquelle il s'était battu et qu'il avait négocié. Suu Kyi est alors une fillette de deux ans, elle va fréquenter les meilleures écoles de Rangoon avant de poursuivre ses études à New Delhi (où sa mère est nommée ambassadeure), avant l'exil à Londres lorsque survient le premier coup d'Etat militaire : nous sommes en 1962, un voile kaki s'abat sur la Birmanie...

Aung San Suu Kyi revient dans son pays en 1988. C'est la création de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), en réponse à l'instauration de la loi martiale. Un an plus tard, avec d'autres démocrates, elle est déjà placée en résidence surveillée. Au cours des 21 ans qui vont suivre, la « dame de Rangoon » sera privée de liberté pendant 15 ans.

Pourtant, en 1990, son parti est plébiscité par un raz-de-marée démocratique. Mais ses députés ne siègeront jamais et une répression impitoyable s'abat sur le pays. Ni le charisme de Daw Suu Kyi (Daw est un terme pour marquer le respect), ni le soutien de l'opinion publique internationale, ni l'attribution du prix Nobel de la paix en 1991 n'y feront rien. Aujourd'hui, à 65 ans, la plus célèbre prisonnière politique du monde ne cède rien et l'acharnement des militaires est à la mesure de la peur qu'elle continue de leur inspirer.
 

Partager :