La proximité du G20 éclipse les droits de l’homme

Depuis l'arrivée de Hu Jintao en France, tout est fait pour que cette seconde visite d'Etat du président chinois se déroule dans la sérénité. Les Français travaillent assidûment à l’amélioration des relations avec Pékin alors que la France prend la présidence du G20 le 11 novembre prochain. Les organisations de défense des droits de l'homme redoutent l'impasse sur les principes censés animer la République au profit d'intérêts purement économiques.

Le contexte ne se prête pas à des remontrances de la part de Paris, qui, depuis la brouille de 2008 autour de la politique chinoise au Tibet, cherche avant tout l'apaisement. C'est du bout des lèvres que la France a accueilli l'attribution du prix Nobel de la paix au dissident Liu Xiaobo, par la voix du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, tandis qu'un silence retentissant planait à l'Elysée sur ce sujet. Il y a peu de chances que la question soit évoquée au cours de cette visite d’Etat - du moins publiquement - malgré l’insistance d’organisations internationales, comme Amnesty ou Reporter sans frontières. Celles-ci estiment que le nombre de prisonniers de conscience en Chine se compte par dizaines de milliers, et souhaitent que la remise du prix Nobel de la paix s’accompagne d’une pression internationale sur le gouvernement chinois pour remédier à la situation. Cette préoccupation semble néanmoins céder le pas face aux impératifs économiques, dans l’esprit des dirigeants français. 

Faire de Pékin un allié

La signature de contrats juteux n'est pas seule en jeu, car Paris mise avant tout sur le succès du sommet du G20. Un résultat qui dépendra en grande partie de l’attitude chinoise. La priorité est d'obtenir notamment le ralliement de la Chine sur le projet de réforme du système monétaire international que la France entend présenter au G20 de Séoul. Déjà, l'on avait pu remarquer le ton mesuré de la France, lors du déplacement de Nicolas Sarkozy à Pékin en avril dernier. Contrairement aux Américains, les Français ne souhaitent pas braquer la Chine sur la question du yuan, dont la faiblesse favorise les exportations. Car « rien ne peut se régler sans le concours de la Chine », affirme-t-on à l’Elysée. Sur le fond, les Français partagent les critiques liées à la sous-évaluation de la monnaie chinoise, mais l’approche défendue par Paris vise à « éviter la confrontation, tout en recherchant les convergences ». 

Une approche conciliante à l’extrême
 

Au-delà de cet important rendez-vous économique et diplomatique du G20, Paris entend engranger une moisson de contrats. Pour ce faire, pas question non plus d’évoquer les questions qui fâchent en matière commerciale. Qu’il s’agisse des problèmes liés au viol de la propriété intellectuelle, ou encore des entraves aux grands contrats des marchés publics, Paris n’entend pas non plus forcer le ton. Bien au contraire, parmi les Européens, la France plaide pour l’octroi, le plus tôt possible, du statut d’économie de marché à la Chine, ce qui contribuerait à renforcer le développement des échanges entre la Chine et ses partenaires européens.

Enfin, la France se montre désormais favorable à la levée de l’embargo sur les ventes d’armes, imposé en 1989 au lendemain du massacre de la place Tiananmen. D’après les propos recueillis par l’Agence France Presse, les autorités françaises estiment « que les causes qui ont justifié l’imposition de cet embargo ont disparu ». 
 

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