La nouvelle offensive économique de Pékin en Europe

Le président Hu Jintao est arrivé ce 4 novembre 2010 en France pour une visite officielle de 3 jours qui devrait être riche en contrats notamment pour l'avionneur Airbus et le géant du nucléaire Areva. Le chef de l’Etat chinois doit ensuite se rendre au Portugal où il sera également question d’économie. Une confirmation s'il était besoin de l'offensive lancée par Pékin en Europe...

Il y a d'un côté la Chine avec ses 1 900 milliards d'euros de réserves de change et une volonté affichée d'investir à l'étranger. De l'autre, il y a l'Europe, un continent qui croule sous les déficits et qui peine à se relever de la crise de la dette qui a ébranlé la zone euro au printemps dernier. Mais si les Européens ont longtemps accueilli avec méfiance l’arrivée des Chinois et de leurs produits à bas coût, leur état d’esprit a considérablement évolué et c’est plutôt avec soulagement qu'ils accueillent désormais les capitaux chinois.

Ce fut le cas en Grèce début octobre où Pékin a créé un fonds de plus de trois milliards et demi d'euros pour venir en aide aux armateurs. La Chine s'est surtout engagée à racheter des obligations grecques dès qu'Athènes sera de nouveau autorisé à se refinancer sur les marchés. Et Pékin envisage de faire de même pour l'Espagne et le Portugal, deux Etats durement frappés par la crise. La question sera d’ailleurs abordée le week-end prochain à Lisbonne où le président Hu Jintao doit se rendre. Sans compter que des pays comme l’Irlande ou la Hongrie verraient également arriver d’un bon œil la manne des capitaux chinois. Cette stratégie devrait en tout cas permettre à Pékin, qui dispose des premières réserves mondiales de changes, de diversifier son portefeuille.

Pékin investit dans les infrastructures

Mais la Chine ne se limite pas au rachat d'obligations d'Etat de pays européens en difficultés. Elle cherche à s’implanter économiquement sur le Vieux continent.  Pékin a notamment multiplié ces dernières années les investissements dans les infrastructures européennes. Les entreprises chinoises construisent ainsi un tronçon de l’autoroute qui relie Varsovie à Berlin et sont également sur les rangs pour des projets similaires en Macédoine et en Turquie. Après avoir obtenu en 2008 la gestion d’une partie du port du Pirée pour près de trois milliards et demi d’euro, la Chine s’apprête à construire un terminal cargo à Rome.

Les autorités chinoises n’hésitent pas non plus à investir dans des activités plus industrielles. Ainsi en Irlande, un centre de fabrication de produits locaux va bientôt voir le jour dans la ville d’Athlone avec à la clef quelque 8 000 emplois. Une zone industrielle d'activités franco-chinoise devrait également être construite dans le centre de la France, près de Châteauroux, où seraient assemblés des produits à partir de composants venus de Chine. Là aussi on attend la création de plusieurs milliers d’emplois. Mais Pékin ne perd pas non plus de vue ses besoins grandissants en matières premières. Après son offensive sur l’Afrique qui lui a notamment permis d’assouvir une partie de ses besoins énergétiques, la Chine vient de signer deux grands accords commerciaux avec la Pologne, l’un sur le cuivre, l’autre dans le secteur de la chimie.

 

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