Avec notre correspondante à Jakarta, Solenn Honorine
Mbah Marijan, ou « grand-père Marijan », avec sa sempiternelle chemise traditionnelle de batik, son sourire constant qui lui avait gravé de profondes rides au coin des yeux, était une figure familière à tous les Indonésiens.
Aujourd'hui encore, la photo du vieillard, aux côtés d'un champion de bodybuilding aux muscles luisants d'huile, décore toujours bien des bus de Jakarta. Il était devenu une célébrité qui apparaissait dans des pubs pour une boisson énergisante depuis la dernière éruption du Merapi, en 2006.
Dialoguer avec les esprits du volcan pour en contrôler les fureurs
Car il existait des relations mystiques magiques entre le volcan sacré refuge des esprits, et son « juru kunci », littéralement le « gardien des clés », dont la tâche était de dialoguer avec les esprits du volcan pour en contrôler les fureurs.
En 2006, Mbah Marijan était resté chez lui à prier pendant l'éruption, qui, peut-être grâce à cela, était restée mineure. Mais ce mardi, il a été retrouvé mort brûlé par les nuées ardentes dans sa maison à cinq kilomètres du cratère, prosterné en position de prière.
Sa mort est donc comme la victoire du volcan contre le pouvoir des hommes. Un symbole quelque peu effrayant alors que le pays s'interroge sur l'efficacité de son système de prévention des désastres naturels.