Avec notre correspondant à Séoul, Thomas Ollivier
Il est tout simplement l’officiel nord-coréen le plus haut placé à avoir fait défection. C’était en 1997. A l’époque, il avait été accueilli comme un héros par Séoul et il devenait le symbole incarné de l’opposition d’une partie des cadres nord-coréens au régime totalitaire de Kim Jong-il.
Pendant plus d’une décennie, dans les années 1970, il a occupé le poste de président de l’Assemblée populaire suprême de Corée du Nord, c'est-à-dire de n°2 officiel. Mais il restera surtout dans l’histoire en tant qu’inspirateur de la doctrine du « Juche », c'est-à-dire de l’autarcie nationale, que Kim Il-sung, fondateur du pays et père de l’actuel dirigeant, avait érigé en principe fondamental. Depuis sa défection, Hwang Jang-yop a mainte fois durement critiqué le régime en place à Pyongyang.
La principale bête noire de Kim Jong-il
Son prestige et son ancienne position en Corée du Nord en avaient d’ailleurs fait la principale bête noire de Kim Jong-il. Placé sous haute protection permanente par la police sud-coréenne, il avait échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Et pas plus tard qu’en avril de cette année, deux espions nord-coréens ont encore été démasqués alors qu’ils projetaient de le supprimer. Pourtant selon la police sud-coréenne, il serait mort de sa belle mort, à l’âge de 87 ans.
Son décès coïncide avec les célébrations, en Corée du Nord, du 65ème anniversaire de la fondation du Parti nord-coréen des travailleurs. Un événement fêté avec encore plus de pompe que d’habitude, et ce n’est pour l’instant qu’une coïncidence.
C’est sans doute en tout cas la plus imposante parade martiale organisée à l’occasion de cet anniversaire, au moins numériquement, puisqu’on estime que 20 000 militaires y ont participé. L’actuel dirigeant, Kim Jong-il, et son plus jeune fils, Kim Jong-un, dont tout indique qu’il sera désigné comme successeur de son père, y assistaient. En ce moment, le régime s’évertue en effet à préparer, tant sur le plan intérieur qu’extérieur, cette transition du pouvoir. Et cela explique probablement l’importance du défilé d’aujourd’hui, qui a été retransmis par la télévision nationale.