Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
Même si des experts américains, anglais et suédois ont participé à cette commission d'enquête, il faut savoir que ses premières conclusions ont été très contestées. Pékin, l'allié traditionnel de la Corée du Nord, ne les partage pas. Pyongyang bien sûr continue de clamer son innocence. La Russie, de son côté, a même publié un contre-rapport, selon lequel le Cheonan aurait été coulé par une « vieille mine ».
Plus ennuyeux pour Séoul, nombreux sont les Sud-Coréens eux-mêmes, 30% selon un sondage à ne pas croire dans les résultats de l'enquête. Mais pour le gouvernement du Sud, qui a même porté l'affaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU, il n’est pas question de lâcher prise. Il a pour cela publié un rapport plus détaillé, qui explique notamment les méthodes employées par les 73 enquêteurs.
Et pourtant, la Corée du Sud vient d'annoncer qu’elle offre une aide humanitaire d'urgence, de près de 7 millions d'euros à la Corée du Nord. Cette annonce peut donc être considérée comme un geste de bonne volonté et de relance des relations entre les deux pays. Cette aide, destinée aux victimes des très fortes inondations qui ont frappé le nord, est offerte sans condition. Elle inclut même l’acheminement de riz, alors que Séoul avait juré ne plus en envoyer.
Relancer le dialogue malgré tout
Tout aussi significatif, Nord et Sud ont tous deux annoncé vouloir reprendre les réunions des familles coréennes séparées par la guerre. Des programmes de retrouvailles familiales qui étaient complètement gelés depuis l'année dernière.
Alors bien sûr, les préoccupations de Séoul ne sont pas seulement humanitaires. Si le Sud maintient la pression sur le Nord, il veut aussi relancer le dialogue. On parle de plus en plus ici, à Séoul, de la reprise des pourparlers à six pays sur le programme nucléaire nord-coréen. Pékin s'efforce aussi de participer à la relance les négociations. Et, en ce moment même, un envoyé spécial américain est à Séoul pour en discuter.
On assiste ainsi à une intense diplomatie de couloirs, et cette légère embellie des relations nord-sud annonce peut-être de futurs relâchements des tensions sur la péninsule.