Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Lak Wittiwatanawichan, l’avocat thaïlandais de Viktor Bout, présente deux arguments pour demander au Premier ministre Abhisit Vejjajiva d’intervenir. D’abord le fait que le jugement de la cour d’appel ordonnant l’extradition est une décision politique, prise sous l’influence de pressions américaines. Il avance un autre argument plus technique : l’arrestation de Viktor Bout en 2008 était illégale. Des agents de l’agence anti narcotique américaine (DEA) avaient piégé ce dernier dans un hôtel de Bangkok en se faisant passer pour des membres de la guérilla colombienne des FARC désireux de lui acheter des armes.
Les récriminations de Moscou
L’avocat souligne que les Forces armées révolutionnaire colombiennes ne sont pas considérées comme une organisation terroriste par la Thaïlande, et donc que l’accusation de terrorisme lancée par les Etats-Unis pour justifier l’extradition ne tient pas. Il n’est pas sûr que M. Abhisit ait constitutionnellement la possibilité d’intervenir pour contrer une décision de justice. Une chose est claire toutefois : le gouvernement thaïlandais est sensible aux vives récriminations de Moscou concernant le traitement de Viktor Bout. Et si Bangkok souhaite ne pas céder aux exigences de Washington, il a les moyens de le faire.