Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Viktor Bout a un lourd passif. C’est un russe, parfaitement francophone. Il était un officier dans l’armée russe au moment de l’effondrement de l’Union soviétique au début des années 1990. A cette époque, il a vu l’opportunité d’utiliser la flotte aérienne de l’Armée rouge pour transporter des armes vers le continent africain et aussi vers l’Afghanistan. Il a été assez vite surnommé le « marchand de mort » par les médias. Il a acquis une sorte de réputation internationale, notamment avec le film « Seigneur de guerre », dans lequel l’acteur américain Nicolas Cage incarne son personnage. Mais Viktor Bout affirme qu’il n’était qu’un transporteur, qu’il ignorait ce qu’il transportait. Il y avait pourtant, dans ses avions, des têtes de missiles.
Echange de bons procédés
La Thaïlande a fini par donner droit à la requête américaine, un an après un premier refus. Emprisonné depuis mars 2008, Viktor Bout dispose d’un ultime recours devant la Cour suprême. Les Russes devraient cependant réagir à la décision rendue par les juges thaïlandais, car ils défendent Viktor Bout. Il aurait travaillé dans les services de renseignements militaires soviétiques et Moscou ne souhaite pas qu’il soit interrogé par des agents du FBI et de la CIA. La décision de la Thaïlande pourrait s’expliquer par sa situation difficile, sur le plan international, depuis la répression violente et meurtrière du mois de mai. Bangkok a besoin d’un soutien international. Depuis 1950, les Etats-Unis sont son principal allié sur la scène internationale. La décision ressemble donc à un échange de bons procédés.