Avec notre correspondante à Sydney, Fanou Filali
C’est entre les mains d’une poignée de députés indépendants que l’avenir politique de l’Australie repose aujourd’hui. Le scrutin du samedi 21 août 2010 n’ayant dégagé aucune majorité qualifiée, c’est vers ces indépendants que Julia Gillard et Tony Abbott vont devoir se tourner. Dès aujourd’hui, 22 août, la Premier ministre et chef du Parti travailliste Julia Gillard a pris contact avec chacun des représentants indépendants.
Lors d’une conférence de presse, elle a déclaré avoir compris le message des électeurs : « Les Australiens veulent voir un changement dans la façon dont la politique est menée en Australie » a-t-elle dit et c’est ce qu’elle s’engage à mettre en place. Dans le contexte actuel, cela veut dire donner un rôle aux indépendants peut-être même sous la forme d’un portefeuille ministériel.
Les négociations entre internet et environnement
En attendant, les négociations se formalisent. C’est Julia Gillard qui mènera les discussion assistée de son trésorier et vice-Premier ministre Wayne Swan. On ne connaît pas encore la teneur de ces discussions mais l’on s’attend à ce que l’environnement et la mise en place d’un réseau internet à grande vitesse à travers le continent ,soient au cœur des négociations. Ce sont en effet des questions qui tiennent à cœur aux indépendants qui représentent en majeure partie un électorat rural qui a souffert des effets de la sécheresse et qui a été trop longtemps le « laissé-pour-compte » technologique du pays.
Les Australiens devront attendre encore plusieurs jours avant de connaître la couleur politique de leur prochain gouvernement. C’est la première fois, depuis 1940, que l’Australie élit un parlement suspendu. Ni les travaillistes sortants, menés par le Premier ministre Julia Gillard, ni les conservateurs représentés par Tony Abbott, n’auront réussi à sécuriser les 76 sièges nécessaires pour obtenir une majorité qualifiée au Parlement.
Bilan amer à gauche
C’est un bilan amer pour Julia Gillard. Elle n’aura pas su mobiliser un électorat qui était pourtant tout acquis aux travaillistes, il y a quelques mois à peine. Le spectre de Kevin Rudd, l’ancien Premier ministre travailliste, évincé en juillet dernier par Julia Gillard au sein de son propre parti, n’a eu de cesse de la hanter. Les Australiens n’ont pas oublié les circonstances de son accession au pouvoir et ne lui ont peut-être pas pardonné.
Un Parlement sans majorité
Au final, le Parti travailliste aura essuyé une perte de 5% des voix à travers le pays. Pour le chef de l’opposition, Tony Abbott, les travaillistes ont perdu toute légitimité à gouverner. Mais en l’absence d’une majorité claire au Parlement, tout repose désormais sur une poignée d’indépendants et un député Vert. Les négociations ont déjà commencé. Impossible d’en prédire l’issue. La route vers la stabilité va être longue.