Inondations au Pakistan: catastrophe humanitaire, désastre économique

Le gouvernement pakistanais a indiqué avoir reçu la moitié des 460 millions de dollars de l'aide internationale promise par les Nations unies au Pakistan pour faire face aux besoins des victimes des inondations. Les conséquences économiques sont considérables. Les pertes menacent la croissance du pays et renvoient l’économie du Pakistan des années en arrière.  

Les experts sont d'accord : le Pakistan est en train de vivre la pire catastrophe économique qu’ait connue le pays depuis son indépendance en 1947. Les inondations qui ont dévasté un cinquième du territoire ont provoqué des pertes d'un milliard de dollars d'après la Banque mondiale, voire 3 milliards de dollars selon le ministère pakistanais de l'Agriculture. C'est justement l'agriculture qui a été affectée en premier lieu. Environ un cinquième de terres agricoles aurait été touché à des degrés différents. 20% des récoltes de coton sont d'ores et déjà perdues. Les cultures de canne à sucre et de riz sont aussi gravement touchées. Ces trois matières premières (coton, canne à sucre et riz) sont considérées comme les plus stratégiques pour le pays.

Coup dur pour la croissance

Le désastre a ralenti dans une grande mesure l'activité des entreprises pakistanaises. L'industrie du textile subit continuellement des coupures d'électricité ; la principale raffinerie du pays, dont le site se trouve à Mulan, reste paralysée. Avant les inondations les autorités prévoyaient une croissance annuelle de 4,5%, la catastrophe devrait rabaisser ce chiffre d'un point, et la reconstruction des infrastructures du pays pourrait coûter 2,5 milliards de dollars.

Trois semaines après le début des inondations, l’aide internationale s’achemine lentement vers le Pakistan. La moitié des quelque 460 millions de dollars demandés par les Nations unies pour faire face aux besoins des plus démunis parmi les 20 millions des sinistrés est déjà sur place, selon les indications d’Islamabad.

« Déficit de l’image »

Le monde prend conscience avec retard de l’ampleur de la tragédie des Pakistanais. La porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Elisabeth Byrs, a déploré le « déficit d’image du Pakistan ». Ce qui effraie les donateurs c’est aussi la corruption qui ronge ce pays. Les inondations pourraient avoir de lourdes conséquences sur le logement et les infrastructures, les routes, les réseaux électriques et téléphoniques ayant été en partie détruits. Les experts craignent que le gouvernement pakistanais, déjà affaibli politiquement et impopulaire, ne doive faire face à une explosion du déficit public.

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