Avec notre correspondant à Séoul, Thomas Ollivier
Le procureur avait demandé 15 ans de réclusion en vertu de la loi sur la sécurité nationale. Mais le juge n’a pas suivi l’accusation, estimant que les deux hommes, d’anciens officiers nord-coréens, n’ont pas mis leur projet de meurtre à exécution et qu’ils ont collaboré pendant l’enquête. Au procès, ils ont plaidé coupable.
Se faisant passer pour des réfugiés du Nord, ils avaient pour mission d’exécuter Hwang Jang-yop. Ancien secrétaire du Parti nord-coréen des travailleurs, ancien président de l’Assemblée populaire suprême, c'est-à-dire numéro deux du régime, il a aussi été l’un des professeurs de Kim Jong-il. C’est à lui qu’on doit l’une des doctrines cardinales du régime, celle du «juche», ou autosuffisance. Mais aujourd’hui, c’est la bête noire de Pyongyang.
Hwang Jang-yop est arrivé en Corée du Sud en 1997. A l’époque, c’est avec l’actuel secrétaire général de l’ONU, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, qu’il avait négocié sa défection dans le plus grand secret. Aujourd'hui âgé de 88 ans, Hwang Jang-yop ne s’était pas ému de l’annonce du complot des deux faux réfugiés. Après leur arrestation, en avril, il avait déclaré avec beaucoup de flegme : « Pourquoi s’inquiéter d’une pareille chose ? ». Ce n’est, il est vrai, ni la première, ni la dernière tentative d’assassinat sur sa personne.