La police du Kirghizistan procède à des opérations de «nettoyage» dans le sud

Les forces de l'ordre kirghizes ont entrepris depuis lundi 21 juin de débusquer les responsables des sanglants troubles ethniques des deux dernières semaines, provoquant une nouvelle série de tensions dans ce petit pays pauvre et instable d'Asie centrale. La présidente par intérim, Rosa Otounbaïeva, a insisté sur l'organisation du référendum prévu dimanche sur la nouvelle Constitution, après les récentes violences interethniques qui ont fait selon elle jusqu'à 2 000 morts, ainsi que des centaines de milliers de réfugiés et déplacés.

Avec notre envoyé spécial à Och, Régis Genté

A Och, ce début de semaine est marqué par des opérations dites de « nettoyage » de la part de la police. Officiellement, il s’agit de chercher des armes, de la drogue et de libérer des otages.

Mais en réalité, tout indique que les forces de l’ordre en profitent pour terroriser, sur fond de racisme, la minorité ouzbèke qui représente environ 40% de la population du sud kirghiz. « Si vous n’êtes pas rentrés dans votre pays d’ici dix jours, nous allons revenir vous voir », ont menacé par exemple les hommes en uniforme, foulard cachant le visage, à plusieurs centaines de femmes ouzbèkes, réfugiées dans une sorte de ferme située non loin du centre d’Och. Mêmes propos dans le quartier de Nariman où deux Ouzbeks sont morts lors de la brutale opération de police lundi matin.

L’attitude de la police, qui considère la minorité ouzbèke coupable de violences interethniques qui ont débuté le 10 juin, prend son sens dans un climat de fièvre nationaliste kirghize, le tout mêlé de corruption : la police essentiellement composée de Kirghiz profitant de l’occasion pour se remplir les poches.

Ce comportement inquiète ce gouvernement provisoire lequel n’ose pourtant rien faire de peur de voir les forces de l’ordre se retourner contre lui et saper dans la violence le si important référendum de ce dimanche.

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