Calme précaire à Och, au sud du Kirghizistan

L'armée du Kirghizstan a levé dans le calme dimanche 20 juin les barricades bloquant l'accès aux quartiers ouzbeks dévastés à Och, épicentre des récentes violences interethniques dans le sud. Un premier avion du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) chargé d'aide humanitaire (abris et assistance non-alimentaire) est arrivé sur place. Chez les Ouzbèks, l’inquiétude restait vive lundi 21 juin.

Avec notre correspondant à Och, Régis Genté

Les mahallas d’Och n’ont dormi que d’un œil. Partout, les hommes ont veillé à la belle étoile dans les cours des maisons situées près des barricades retirées la veille.

Samedi, le maire de la capitale du sud kirghize, Melisbek Myrzakmatov, avait promis d’employer la force si les quartiers ouzbeks ne s’exécutaient pas. Et ce, sans offrir la moindre garantie sécuritaire aux victimes des pogroms auxquels une partie de l’armée et de la police locale a participé.

Malgré tout, la population ouzbèke n’a pas cédé à l’angoisse. Cette brutale façon de faire du gouvernement provisoire, totalement aux mains des Kirghizes et qui ne reconnaît pas que l’immense majorité des victimes est issue de la minorité ouzbèk, s’explique par son besoin quasi vital d’organiser dimanche prochain un référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution.

Une vraie demande de plébiscite pour obtenir une légitimité qui lui manque cruellement. Il veut toujours l’organiser dans le sud du pays alors que cent mille personnes sont peut-être toujours réfugiées dans l’Ouzbékistan voisin et que la région, divisée entre partisans du président déchu Kourmanbek Bakiev, totalement opposés au nouveau pouvoir, partisans du gouvernement provisoire et Ouzbeks victimes des pogroms kirghiz.
 

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