Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf
Alors que les manifestations se poursuivaient dans la rue lundi, le président Ivan Duque a lancé la formule d’une grande « conversation nationale ». Tout le monde est invité : les syndicats, le patronat, la société civile et les citoyens de tout le pays.
Une initiative qui suscite des critiques, d'autant qu'initialement, le président de droite n’avait pas prévu de rencontrer les principaux organisateurs des manifestations. Ivan Duque les a finalement convoqués pour ce mardi. Mais les représentants n’ont pas encore confirmé leur présence.
► À lire aussi : À la Une : grève nationale en Colombie, le président a-t-il entendu le message ?
Dimanche, le président a reçu les maires et les gouverneurs récemment élus. « Un dialogue, ce n’est pas pour mieux communiquer les politiques du gouvernement. Un dialogue, c’est pour écouter avec humilité, admettre ses propres erreurs et faire des concessions, a déclaré Claudia Lopez, future maire de Bogota, à la sortie de la réunion. Dans le cas contraire, le dialogue ne va mener à rien de concret, sinon à plus de frustrations. »
Une initiative qui arrive « trop tard »
La grande « conversation nationale » suscite donc doutes et questions. « Je crois que c’est une bonne initiative, mais qu’elle arrive trop tard. Il y a deux choses qui ne sont pas claires à mes yeux : la première est de savoir quelle va être la mécanique de ce grand dialogue national que propose le gouvernement. La deuxième est de savoir ce qu’il va faire avec le résultat du dialogue, comment va-t-il traduire les propositions en action ? », questionne Cesar Paez, professeur universitaire.
Le président Ivan Duque n’a fait, jusqu’à présent, aucune concession aux manifestants. Et tard dans la soirée, lundi, la mort du jeune Dilan Cruz, 18 ans, blessé samedi par un tir à bout portant d’une grenade assourdissante, a été confirmée. Une annonce qui n’est pas de nature à calmer les esprits.