Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf
Ce couvre-feu décrété vendredi soir a surpris. Et il a contribué à faire monter la tension. Sur les réseaux sociaux, la rumeur s’est répandue que des voyous attaquaient un peu partout dans la ville. La panique s’est emparée de certains quartiers dont les habitants se sont armés de bâtons et de couteaux.
Le calme est revenu tard dans la nuit. L’opposition accuse le gouvernement de jouer la carte de la peur pour venir à bout de la mobilisation sociale. Depuis trois jours, les autorités civiles et militaires ne cessent en effet de répéter qu’elles ne tolèreront pas les actes de vandalisme. Or, dans les faits, ils sont restés très limités.
Le président Duque avance le dialogue national
Samedi, après la levée du couvre-feu, la ville reste bizarrement vide. Dans le centre, les petits groupes de manifestants qui se forment de façon spontanée sont immédiatement dispersés par la police antiémeute. Un jeune a été grièvement blessé à la tête. Dans la soirée, les concerts de casseroles des manifestants en colère ont repris un peu partout dans la ville. La mobilisation ne semble pas céder.
► À lire aussi : À la Une : grève nationale en Colombie, le président a-t-il entendu le message?
En conséquence, le président Ivan Duque a décidé d’avancer l’ouverture du dialogue national, initialement annoncé pour la semaine prochaine, à ce dimanche. « Demain, nous débuterons une Conversation nationale avec les maires et les gouverneurs élus de tout le pays », a twitté le chef de l'État de droite, en ajoutant qu'il poursuivrait ce dialogue la semaine prochaine avec « différents secteurs sociaux ».