Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille
William, 33 ans est l’un de ceux qui ont manifesté samedi à Caracas en faveur de Nicolas Maduro. Il assure que les Vénézuéliens qui manifestent aux côtés de l’opposition sont aveuglés par Juan Guaidó et que les coupures sont liées à des attaques américaines.
« Je le regrette beaucoup, mais l’opposition du Venezuela n’est pas dirigée par des personnes qui souhaitent mettre en place une réelle opposition politique au Venezuela. Car je pense qu’il est nécessaire qu’il y ait une opposition. Mais elle doit accepter de dialoguer avec les autorités et l’État pour construire ensemble, et c’est ce qui manque aujourd’hui, une avant-garde politique dont la fonction serait de défendre le pays face aux attaques étrangères contre le Venezuela. Parce que ces attaques n’affectent pas que les chavistes. Ces attaques visent à détruire le gouvernement pour prendre le contrôle de toutes les ressources de ce pays. Et cela affecterait tous les Vénézuéliens qui vivent ici, autant les chavistes que ceux qui ne sont pas chavistes. Je regrette vraiment que beaucoup de gens croient en l’opposition actuelle, sans être conscients de qui la dirige. Ils ne défendent pas leurs intérêts mais les intérêts des pays au-dehors qui tentent de mettre la main sur nos ressources. »
■ Reportage à Caracas durant la manifestation de l’opposition
Sur la place Altamira les manifestants chantent pour se motiver, arborent des slogans contre l’absence de courant et les pénuries d’eau. Elizabeth s’indigne que le gouvernement se dédouane une fois de plus en accusant les États-Unis : « C’est à eux d’endosser l’entière responsabilité, car ils ont confisqué tous les pouvoirs publics au Venezuela. »
Paradoxalement, les coupures de courant ont eu raison de la motivation de bon nombre de manifestants, le cortège paraît plus dispersé qu’un mois auparavant. Greymar 18 ans, l’explique facilement. « Les gens profitent du week-end et du retour de l’électricité pour aller trouver un peu d’eau et de nourriture, car ils ont tout perdu pendant les coupures », dit-elle.
Autre raison de cette baisse de fréquentation, plusieurs manifestations spontanées ont été sévèrement réprimées ces derniers jours. Pourtant lorsqu’il s’agit d’accueillir Juan Guaidó, la foule devient plus dense. Amanda assure que les anti-Maduro n’ont pas dit leur dernier mot. Elle place toute sa confiance dans son président par intérim : « J’espère qu’il va nous annoncer le départ prochain de ce régime qui nous affame. Et pour ça il ne faut pas rester chez soi, il faut être unis. »
Et le prochain rendez-vous de Juan Guaidó avec ses partisans est proche : debout sur la remorque d’un camion il annonce une nouvelle manifestation dès mercredi, et le début de la phase finale pour en finir avec Nicolas Maduro.