La Croix-Rouge va distribuer de l'aide humanitaire au Venezuela

La Croix-Rouge a annoncé qu'elle allait distribuer de l'aide d'urgence dans le pays d'ici deux semaines, marquant une inflexion dans la position du gouvernement du président Nicolas Maduro qui niait jusque-là l'existence d'une « crise humanitaire ».

Le président de la Fédération internationale de la Croix-Rouge Francesco Rocca a annoncé vendredi à Caracas que l'ONG distribuerait de l'aide à la population vénézuélienne. « Nous estimons que dans un délai de quinze jours environ, nous serons prêts à distribuer de l'aide, ce à quoi nous nous engagés. Nous espérons pouvoir aider 650 000 personnes dans un premier temps. C'est notre premier objectif mais nous espérons de renforcer nos capacités plus tard », a-t-il déclaré.

Dans ce pays qui connaît de graves pénuries de nourriture et de médicaments, la distribution d'une aide d'urgence est au centre du bras de fer entre le chef de l'Etat socialiste Nicolas Maduro et le chef de file de l'opposition Juan Guaido, président autoproclamé par interim qui avait tenté de faire venir des médicaments et des aliments de Colombie, sans succès.

Francesco Rocca de la Croix-Rouge lui rejette toute « politisation » et souligne l'indépendance de son organisation : « En tant mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, nous pouvons travailler partout dans le monde parce que nous ne prenons jamais position. Nous sommes disposés à recevoir des conseils de tous les secteurs du pays. Mais nous ferons l'évaluation des nécessités de manière totalement indépendante, neutre et impartiale. Cette évaluation aura comme unique critère les besoins des personnes les plus vulnérables. Cela veut dire que nous n'accepterons aucune ingérence. »

Jusque-là, ni la Croix-Rouge, ni les Nations unies par le biais de ses agences, ni l’Eglise catholique à travers son organisme Caritas ne participaient à l’acheminement ou à une éventuelle distribution de nourriture et de médicaments au Venezuela, contrairement à ce que demandait Juan Guaido, leader de la révolte anti-Maduro. La Croix-Rouge rappelait ainsi en février que l’opération, pilotée par l’Usaid (l’Agence publique américaine de développement international), ne correspond pas à la définition de l’aide humanitaire, qui doit être apolitique, indépendante (des intérêts des gouvernements) et universelle (dirigée à tous les sinistrés sans discrimination).

« Personne ne gagne ici »

Francesco Rocca n'a pas détaillé le contenu de cette aide, mais il a mentionné des antibiotiques, des kits chirurgicaux, ainsi qu'une assistance matérielle pour les hôpitaux, telle que des groupes électrogènes pour faire face aux coupures de courant. Car cette annonce intervient alors que le pays est de nouveau en proie à une panne géante d'électricité. Il s'agit de la troisième coupure d'importance depuis la méga-panne qui avait mis le pays à l'arrêt entre le 7 et le 14 mars, privant les habitants de transports publics, de téléphones et d'internet et forçant administrations et la plupart des magasins à rester fermés.

« Le régime reconnaît son échec en acceptant l'existence d'une situation d'urgence humanitaire complexe qu'il a provoquée », a réagi Juan Guaido, en référence à la profonde crise économique que traverse le pays.

L'opposition accuse le gouvernement d'être responsable de la grave crise économique qui a contraint le pays a diminuer drastiquement ses importations, par manque de liquidités après l'effondrement de la production pétrolière (96% des revenus du pays). Le dirigeant socialiste rejette la responsabilité des pénuries sur les sanctions financières imposées par Washington. « Je ne pense pas que quiconque, ni M. Maduro, ni M. Guaido, puisse se vanter d'avoir gagné. Personne ne gagne ici, nous devons sauver des vies », a pour sa part tranché Francesco Rocca.

Partager :