Brésil: l'intolérance et la censure sur les réseaux sociaux à l'ère Bolsonaro

Au Brésil, le blog d’un journaliste d’opinion, Reinaldo Azevedo, a été piraté et censuré après avoir critiqué le « clan » du président Jair Bolsonaro, au pouvoir depuis le début de l’année.

Avec notre correspondant à Sao Paulo,

Tout commence avec la mort d’un petit garçon, Arthur, 7 ans, victime d’une méningite. Arthur était le petit-fils de Lula, l’ancien président qui purge actuellement une peine de prison. Lula reçoit alors une permission pour assister aux obsèques de son petit-fils, un cas prévu par la loi. Mais cela a révolté les activistes d’extrême droite qui se sont déchaînés sur les réseaux sociaux.

Eduardo Bolsonaro, député et fils du président Jair Bolsonaro, s’est alors lancé dans une grande diatribe contre Lula. « Des propos à vomir », lui a répliqué Reinaldo Azevedo sur son blog. Le journaliste s’associe alors, à la douleur de Lula. Quelques heures plus tard, son site a été envahi par des hackers et son article a été censuré.

Mais Reinaldo Azevedo n’est pourtant pas un militant d’extrême gauche. Au contraire, c’est un polémiste de droite, qui a même été un farouche adversaire de Lula et des gouvernements de gauche. Sur Twitter, il raconte par exemple qu’en « près de 14 ans de la gauche au pouvoir, cela n’est jamais arrivé. Et nous ne sommes actuellement qu’au 3e mois du gouvernement Bolsonaro », dit-il.

Le cas de Reinaldo Azevedo n’est pas isolé. Il relève de la montée du climat d’intolérance au Brésil. Plusieurs intellectuels ont déjà été victimes d’une sorte de « chasse aux sorcières ». Certains sont poursuivis alors même qu’ils ne travaillent plus au Brésil.

Culture d'impunité

Monica de Bolle est une économiste brésilienne, qui dirige un centre d’études dans une grande université américaine. Elle a fait l’objet d’attaques violentes sur Twitter. Son crime ? S’être prononcé en faveur d’un candidat de gauche pour barrer la route à Jair Bolsonaro, aux dernières élections.

« J’ai reçu des menaces. Certaines étaient des incitations au viol. D’autres cherchaient à savoir où j’habitais, des choses comme ça... La plupart des gens qui font ça habitent à Sao Paulo, et travaillent dans le marché financier ».

Ces victimes, comme Reinaldo Azevedo ou Monica de Bolle, affirment qu’il y a peu de recours possibles devant la justice, en raison de la culture d’impunité qui règne au Brésil.

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