Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille
En plus de l’annonce de son retour, Juan Guaido a convoqué une manifestation partout dans le pays, à partir de 11h, heure locale, ce lundi 4 mars. Un nouveau défi lancé à Nicolas Maduro, pour qui son rival devra « rendre des comptes » à la justice.
Ce bras de fer inquiète la communauté internationale, qui appelle à la désescalade, et inquiète aussi les Vénézuéliens eux-mêmes. D'ailleurs, nous sommes en plein carnaval et les rues sont bien vides à Caracas.
Après plusieurs semaines mouvementées, le calme semble être revenu parmi la population. Mais les doutes aussi. Elio, un artiste de rue qui se dit neutre, accuse l’opposition d’avoir raté son coup et éloigné l’espoir d’un changement. « On ne peut pas utiliser l’aide humanitaire à des fins politiques, regrette-t-il. Quand ni la Croix-Rouge, ni l’Unicef, ni aucune organisation internationale sérieuse ne soutient l’initiative, on voit ce que ça donne : ça ne marche pas. »
La goutte d'eau ?
Pour lui, il ne fait aucun doute que Guaido va être arrêté. Francky, un opposant convaincu, est moins affirmatif. « Je crois que s’ils l’arrêtent, les gens vont s’enflammer, sortir dans la rue violemment, ce serait la goutte d’eau », selon lui.
Quoi que fasse le gouvernement, Francky est désormais persuadé que la seule manière de sortir de cette crise, c’est l’intervention militaire. Et beaucoup partagent son avis, comme Felix, lui aussi très opposé au président Nicolas Maduro : « Les manifestations ne marchent pas. Rien ne marche ici, rien de ce qu’on fait n’a d’effet sur lui. La seule solution, c’est l’intervention, et on le regrette beaucoup », explique-t-il à RFI.
Sauf que cette intervention semble compromise, puisque la majorité des alliés internationaux de Juan Guaido la rejettent. La tâche de l’opposant s’annonce donc compliquée, surtout s’il se retrouve derrière les barreaux.