Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Le Japon commence à admettre qu'il ne peut survivre sans immigrés. Dans ses maisons de retraite, plus de 40 000 postes sont déjà vacants. Le gouvernement laisse donc entrer des immigrés dans les secteurs ou la pénurie de main-d'œuvre est la plus grave.
Il prévoit deux nouvelles catégories de visas. L'un permettra à des étrangers peu qualifiés de travailler dans le pays pour une durée maximale de cinq ans. L'autre autorisera des immigrés très compétents, capables de parler dans une certaine mesure la langue japonaise, à venir avec leurs familles et à obtenir un visa permanent.
Pour rassurer sa droite nationaliste, le Premier ministre Shinzo Abe répète qu'il ne faut pas confondre ces mesures avec une politique migratoire. Il s'agit de répondre temporairement à des pénuries de main-d'œuvre.
L'opposition craint une exploitation de ces travailleurs étrangers. C'est déjà le cas pour certains stagiaires techniques venus des Philippines, du Vietnam, de la Chine pour une durée de trois ans. Leurs heures supplémentaires ne sont pas toujours rémunérées. Et ils doivent rembourser dans leur pays l'agent qui leur a trouvé un emploi au Japon. Certains commentateurs s'inquiètent d'une hausse de la criminalité avec l'ouverture du pays aux étrangers.
Le Premier ministre Shinzo Abe n'utilise jamais le mot immigration dans ses discours : c'est tabou. Mais proche de ses entreprises, il répond à leurs besoins.