De notre correspondant à Tokyo,
Les étrangers vivant au Japon ne représentent toujours que 1,38% de la population japonaise. L’an dernier, le nombre de travailleurs étrangers a augmenté de près de 20% sur un an. C’est beaucoup. Mais le gouvernement ne fait que répondre à une pénurie alarmante de personnel dans certains secteurs peu remunérés comme les soignants dans les maisons pour personnes âgées. Dans le secteur de la santé, il est difficile de remplacer des humains par des robots, le gouvernement ouvre donc ses portes à des infirmières, des aide-soignants philipins, malais, indonésiens.
Le Japon refuse l'immigration
Mais le gouvernement japonais reste toujours, officiellement, fermé à l’immigration. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe, contrairement à Angela Merkel, ne critique pas les restrictions à l’immigration aux Etats-Unis adoptées par Donald Trump. Shinzo Abe assouplit ses lois migratoires en fonction des circonstances. Pour répondre, par exemple, aux besoins du secteur de la construction avant les Jeux olympiques de Tokyo de 2020. Pour les jeux, il ouvre ses portes, mais pas pour la reconstruction des zones détruites par le tsunami géant en 2011. Cette reconstruction accumule du retard depuis cinq ans, faute de main d’oeuvre.
Plus d'étudiants selon le gouvernement
Le gouvernement japonais affirme que cette progression de près de 20% du nombre de travailleurs étrangers est due à une arrivée plus importante d’étudiants et de personnes très qualifiées. De nombreux Asiatiques travaillent au Japon avec des visas d’étudiants. Ou dans le cadre d’un programme gouvernemental dit « d’apprentissage », censé former les immigrés. Et ces jeunes Asiatiques, Chinois surtout, ont contracté des dettes, d’un peu plus de 7 000 euros en moyenne, auprès d’intermédiaires, pour travailler au Japon. où ils sont exploités. Des ONG dénoncent un système de travail forcé dont profitent des PME. Les Etats-Unis critiquent ces « pratiques douteuses » de recrutement. Shinzo Abe veut étendre de trois à cinq ans les visas accordés dans le cadre de ces programmes d’apprentissage, encore une fois dans la perspective des Jeux de Tokyo de 2020.
Plus de décès que de naissances
Pendant ce temps, la population au Japon, non seulement vieillit mais diminue. Tôt ou tard, le Japon sera contraint de s’ouvrir à l’immigration pour stopper le déclin de sa population. Le Japon perd chaque année, l’équivalent d’une ville de 400 000 à 500 000 habitants compte tenu du fait que les décès sont plus élevés que les naissances. Et Donald Trump offre avec ses restrictions à l’immigration, une occasion en or au Japon d’attirer chez lui les scientifiques, ingénieurs, les employés hautement qualifiés sans lesquels il ne maintiendra pas sa prosperité.