Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
Sous le soleil, puis sous la pluie, Gisela s'abrite comme elle peut sous un parapluie devant sa banque. Comme la semaine dernière déjà, cette ancienne enseignante de 86 ans fait la queue pour recevoir une partie de sa pension de retraite. Une somme qui lui permet « tout juste de survivre », confie-t-elle.
« Je fais la queue pour retirer 90 bolivars souverains en cash. Les 360 qui restent, je ne peux les dépenser qu'avec des paiements par carte. Avec cette somme, au total, je peux acheter un paquet de flocons d'avoine, 500g de café, 1kg de fromage, deux baguettes et c'est tout. Je me prive de plein de choses, cela fait 17 jours que je n'ai pas de viande dans mon frigo », relate l'octogénaire.
1 800 bolivars souverains de pension de retraite par mois, la somme est dérisoire au Venezuela. Cela représente moins de 20 euros au taux de change parallèle, qui sert de point de référence de l'économie à la plupart des analystes. D'autant que le pays est rongé par l'hyperinflation depuis de très nombreux mois.
« Toute une vie à travailler pour arriver à cette situation, c'est triste »
Les privations et les carences, Teresa connaît également. Elle patiente elle aussi devant la même banque que Gisela, sur la Francisco de Miranda, l'une des principales avenues de la capitale du Venezuela. Ancienne couturière, elle se dit « humiliée par le gouvernement » du président Nicolás Maduro.
« J'attends depuis 9h du matin sans avoir petit-déjeuné. Et je crois que je ne sortirai pas avant 15h ! Quelle tristesse de vivre dans ce pays, un pays si riche en or, en pétrole, en fer, et regardez à quoi nous sommes réduits ! Toute une vie à travailler pour arriver à cette situation, c'est triste », se lamente Teresa.
Les retraités de Caracas devront encore faire la queue la semaine prochaine pour recevoir la dernière partie de leur pension. Or, d'ici là, les prix auront augmenté. L'hyperinflation ne prévoit pas de répit ; selon la dernière estimation du Fonds monétaire international, elle pourrait grimper à 1 000 000 % d'ici décembre.
Sans compter les pénuries qui touchent les produits de première nécessité dans le pays, en particulier l'alimentation et les médicaments...