L'Amérique latine en quête de solutions face à l'exode des Vénézuéliens

Lundi 3 septembre, l’Equateur a convoqué à Quito une douzaine de pays latino-américains pour essayer de trouver des solutions régionales aux multiples problèmes posés par la migration forcée de centaines de milliers de Vénézuéliens. Cette réunion technique vient de débuter sans la présence du Venezuela qui nie la réalité de la crise migratoire.

Avec notre correspondant à Quito, Eric Samson

Des chaises vides dans un grand salon du ministère équatorien des Affaires étrangères. Cette absence des délégués vénézuéliens est un symbole de la position de Caracas pour qui la crise migratoire est une invention de ses opposants. Le gouvernement de Nicolas Maduro n’a pas non plus pris la peine de justifier l’absence de ses représentants.

Cette absence n’est pas regrettée par tout le monde. Des fonctionnaires parlant en off pensent même qu’elle est positive. Pour eux, cela a permis d’éviter les débats idéologiques ne menant à rien. Les douze autres pays présents ont insisté sur la nécessité de préserver les droits des migrants et de leur assurer un accueil digne. Pour cela, la région a besoin de « coordonner ses propositions et ses actions face à la crise », a insisté le vice-ministre des Affaires étrangères équatorien, Andrés Terán.

Les participants souhaitent traiter rapidement des conditions d’entrée des migrants. Les cartes d’identité officielles remises par Caracas ne sont pas considérées comme fiables par de nombreux pays de la région et obtenir un passeport au Venezuela est une véritable odyssée.

Se pencher sur le sort des Vénézuéliens restés au pays

Alors que l’Equateur devrait recevoir juste cette année quelque 300 000 migrants vénézuéliens, le pays souhaite développer des mécanismes pour que ces derniers puissent créer leurs propres entreprises. Le Pérou souhaite également la création d’un mécanisme d’homologation des diplômes universitaires. Cela permettrait à de nombreux migrants vénézuéliens parfois surdiplômés de pouvoir travailler plus facilement dans leur spécialité au lieu de se transformer en vendeurs ambulants.

Si certains pays souhaitent l’instauration de quotas de migrants pour que la charge financière soit partagée de façon un peu plus équilibrée, il n’est pas question de fermer les frontières ou de construire des murs. Ils demandent le soutien financier de la communauté internationale, avec notamment la création d’un fonds sous l’égide des Nations Unies. Sur une initiative de la délégation chilienne, le réunion se penchera également sur le sort de la population restée au Venezuela, même si dans ce domaine les actions possibles des pays voisins sont très limitées.

Depuis 2015, 1,6 millions de Vénézuéliens ont fui la crise dans leur pays, selon les Nations Unies. Les chiffres sont encore pire si l’on compte les départs depuis 1999, c’est-à-dire l’arrivée du défunt Hugo Chavez au pouvoir. Selon l’Observatoire de la diaspora vénézuélienne de l’Université Centrale, 3,8 millions de personnes ont quitté le pays soit de 10 à 12 % des habitants. Le Venezuela se vide de sa population.


Des Vénézuéliens toujours sur les routes

Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf

Ils marchent. De Cúcuta, la ville frontière entre le Venezuela et la Colombie, jusqu'à Lima, les Vénézuéliens marchent. Ils fuient une économie en ruine. De temps en temps, un bus ou un camion les prend sur quelques dizaines ou quelques centaines de kilomètres.

« On va vers le Pérou. On marche vers le Pérou, parce qu'au Venezuela, la situation est devenue trop compliquée. On ne trouve rien. Un salaire au Venezuela ne permet même pas d'acheter un kilo de farine », dit Wilfredo, qui vient de passer la frontière entre la Colombie et l'Equateur.

L'exode s'est accéléré depuis le début de l'année. Tous les pays du Sud sont désormais concernés.

« Trouver des solutions »

Andres Gonzales, qui a été pendant six ans ambassadeur de la Colombie auprès de l'Organisation des États Américains (OEA), estime : « C'est une crise régionale, tous les pays ont la responsabilité d'agir. C'est une crise d'énormes proportions, c'est deux millions d'habitants. Et aucun pays peut seul accueillir et peut aider. On doit travailler ensemble pour trouver des solutions. Et on doit travailler avec l'aide de l'Organisation des Etats Américains et aussi avec l'aide des Nations Unies. Bien entendu la priorité c'est d'avoir une culture de tolérance, une culture de solidarité, une culture pour aider tous les migrants. »

La Colombie partage 2 000 kilomètres de frontière avec le Venezuela. Plus d'un million de Vénézuéliens sont déjà installés dans le pays. Bogota est évidemment très demandeur de coopération internationale.

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