Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
Le Venezuela est frappé par une pénurie de produits de première nécessité et de médicaments depuis de très nombreux mois. Les indicateurs économiques sont toujours plus dans le rouge. Selon les dernières estimations du Fonds monétaire international, le PIB devrait se contracter de 18% en 2018. Pis, l'hyperinflation devrait grimper à 1 000 000 % d'ici fin décembre, toujours selon le FMI.
Face à cette crise, fin août, le gouvernement chaviste a annoncé plusieurs mesures censées redresser l'économie selon le président. Sur ordre de Nicolas Maduro, une nouvelle monnaie circule dans le pays depuis le 20 août, le Venezuela ayant retiré cinq zéros à ses billets. A également été annoncée une augmentation du salaire minimum, multiplié par 34 le 1er septembre.
Mais face à l'hyperinflation, ces mesures sont jugées « inefficaces » par de nombreux Vénézuéliens. Un kilogramme de poulet, voilà tout ce que peut par exemple acheter Veronica dans une charcuterie du quartier commerçant de Chacao. Cette employée gagne à peine plus que le salaire minimum, et depuis de très nombreux mois, l'hyperinflation fait de son quotidien « un véritable enfer ».
« Il n'y avait que 14 poulets dans ce commerce, et je suis la dernière dans la file d'attente à en avoir eu un, nous confie-t-elle. Le kilo de poulet est à 14 millions de bolivars, alors qu'il était à 5 millions environ il y a trois semaines. Les prix augmentent tous les trois jours, c'est insupportable ! En plus, le gouvernement a gelé le prix de certains produits. Alors, comme les commerçants ne vendent pas à perte, il y a encore plus de pénuries. Tant que ce gouvernement ne partira pas, les prix vont monter en permanence et la situation va empirer. »
Veronica compte encore en bolivars forts, l'ancienne monnaie du Venezuela. Mais Ronny, pour sa part, est passé au bolivar souverain, la nouvelle monnaie en vigueur depuis deux semaines environ. Cet avocat fait la queue à la banque pour retirer de l'argent. Il est cependant déjà convaincu que la reconversion monétaire et la forte hausse du salaire minimum n'amélioreront pas la situation.
« C'est de la folie, dénonce-t-il, les gens ne savent plus combien coûtent les choses avec cette nouvelle monnaie ! Moi, j'ai une antisèche pour m'y retrouver. Cette reconversion monétaire a provoqué une hyperinflation, les prix sont montés en flèche juste après. Et la hausse du salaire minimum ne va rien changer, cela va rendre la situation pire encore ; les entreprises ne vont pas pouvoir payer les employés et vont fermer. J'ai des clients qui ferment leurs commerces ou réduisent leur personnel ! »
« Ces mesures vont créer plus de chômage et plus de chaos », estime Ronny, alors que plusieurs économistes ont assuré de leur côté que la crise ne se résoudra pas sans véritables changements de la politique économique suivie par le pouvoir à Caracas.