C’est une annonce qui a fait grand bruit lundi dernier à Caracas et dans l’ensemble du pays. Nicolas Maduro, qui annonçait alors des réformes dans le domaine économique pour tenter de freiner la crise endémique, a confirmé ce que beaucoup de gens redoutaient.
Pour pouvoir continuer à bénéficier d’un tarif subventionné et donc très avantageux, pour ne pas dire sans égal dans le monde, les Vénézuéliens devront à compter de lundi prochain détenir le Carnet de la patrie. Et pour ceux qui n’en auraient pas encore fait la demande, ils ont jusqu’à ce vendredi 17 août pour se faire recenser, ainsi que pour enregistrer leur véhicule.
Pour les autres, c’est-à-dire ceux qui n’auraient pas ce fameux sésame, ils devront payer le prix « international ». Mais qu’est-ce que le prix international ? Nicolas Maduro n’est pas rentré dans les détails, mais selon certains experts, le prix du litre d’essence la plus raffinée pourrait atteindre un dollar, c’est-à-dire le salaire minimum aujourd'hui au Venezuela.
Actuellement, le prix subventionné du litre d’essence est à un bolivar, c’est-à-dire même pas un centime d’euro. Une mesure décriée par l'opposition qui estime que toute personne détentrice de ce Carnet de la patrie est de facto sous la tutelle des autorités. Une mesure qui pourrait par ailleurs provoquer la grogne d'une partie de la population, ce qui a déjà été le cas en 1989 suite à une forte hausse du prix du carburant.
■ Analyse
Pour Ivan Freitas, cette décision des autorités vénézuéliennes ne tient pas la route étant donné le niveau des salaires dans le pays.
« Le prix de l’essence n’est pas en adéquation avec l’économie. Le prix par exemple du sans-plomb 95 est à six bolivars, alors qu’un dollar vaut 4 millions de bolivars. Ce qui signifie que s’ils comptent internationaliser le prix de l’essence ils vont relever ce prix du litre à 4 millions de bolivars. Le prix va passer de 6 bolivars à 4 millions de bolivars. Pour ceux qui ne bénéficieront pas du Carnet de la patrie, le prix devrait se situer au-dessus de 0,70 dollar le litre. Ce qui représente à peu près le prix d’achat à l’étranger. Nous, nous estimons que l’industrie pétrolière vénézuélienne doit s’ouvrir, elle a besoin d’investissements que ce soit au niveau national ou international. Il faut relancer la production de pétrole, remettre en marche les raffineries et pour que tout cela soit faisable il faut un retour de la démocratie. Personne ne viendra investir au Venezuela étant donné le contexte actuel. Lorsque le gouvernement parle d’internationalisation du prix du carburant, il devrait également parler d’internationalisation des salaires. Le salaire minimum au Venezuela est aujourd’hui de moins d’un dollar. »