Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier
Depuis deux semaines qu’elle a été rendue publique, la photo d’un Paul Manafort mal rasé, le visage marqué et vêtu d’une tenue de prisonnier, illustre la déchéance de l’ancien lobbyiste, incarcéré depuis mi-juin.
Ce mardi, au tribunal, ses traits étaient encore un peu plus creusés, ses tempes un peu plus blanchies, et son costume sombre était loin de la splendeur de ceux dans lesquels il a paradé à Washington pendant des décennies.
Flamboyant, mais sachant rester dans l’ombre, Manafort s’est sans doute brûlé les ailes en intégrant la campagne électorale de Donald Trump. Sans cela, rien ne dit qu’il serait resté hors des radars de la justice. Mais c’est bien en marge de ses investigations sur l’ingérence de Moscou en 2016 que le procureur spécial s’est finalement intéressé aux services rendus par Manafort à un ancien président ukrainien pro-russe, puis aux millions de dollars qu’il aurait accumulés.
Ce procès est ainsi le premier induit par l’équipe de Robert Mueller, qui y joue une partie de sa crédibilité. Car même si la collusion potentielle n’est pas censée y être évoquée, ses enquêtes seront fragilisées, ou bien renforcées, en fonction du verdict décidé par les douze jurés. Sans compter que si Manafort est jusqu’à présent resté loyal à Trump, certains envisagent qu’il accepte finalement de collaborer avec la justice pour freiner, un peu, sa propre chute.