Après avoir accordé une première interview la semaine dernière à la chaîne de télévision américaine Fox News, à l’occasion de laquelle Daniel Ortega niait les liens des autorités avec les groupes paramilitaires responsables de nombreuses morts, lundi, le président nicaraguayen a, semble-t-il, changé son fusil d’épaule. Lors d’un entretien avec CNN en espagnol, il a admis que ces groupes étaient sous le contrôle du gouvernemen. Des paramilitaires qu’il qualifie de « policiers volontaires ». Et ce n’est pas le seul changement opéré par le président nicaraguayen puisqu’il reconnaît la mort de 195 manifestants, un chiffre cependant bien inférieur à celui diffusé par des ONG (parmi lesquels la CIDH, la Commission interaméricaine des droits de l'homme) qui parlent de plus de 300 morts, et plusieurs milliers de blessés depuis le début de la contestation, il y a plus de trois mois.
Pas de référendum ni d’élections anticipées
Daniel Ortega refuse de convoquer des élections anticipées comme comme le réclame la Conférence épiscopale nicaraguayenne, l’opposition ou encore les très nombreux secteurs mobilisés. Le président refuse également de convoquer un référendum, une autre solution proposée par ses détracteurs, comme il s’en est expliqué lors de cette interview : « On pourrait demander aux gens, bien sûr. S’ils disent "oui", on convoque des élections anticipées. Et si les gens disent "non", ils vont dire qu'on a fraudé. Pourquoi ? Parce que les réformes qui sont nécessaires, les mécanismes, tout le travail qu'il faut faire pour renforcer le système électoral demande aussi des moyens financiers ». Des arguments rejetés par l’opposition.
Du côté de la communauté internationale, dans un communiqué de la Maison Blanche diffusé ce lundi, « les Etats-Unis condamnent fermement les violences en cours au Nicaragua et les atteintes aux droits de l'homme commises par le régime Ortega en réponse à des manifestations». Les Etats-Unis continuent de réclamer la tenue d’élections anticipées en 2019.
Un appel du pied à l'ONU et l'UE
Enfin concernant le dialogue entre les différents acteurs de cette crise, si pour l’instant les discussions semblent totalement bloquées, Daniel Ortega se dit prêt à se rassoir. Mais il pose deux conditions : tout d’abord qu’on ne lui parle plus de quitter la présidence avant la fin de son mandat (qui s’achève en 2021) et ensuite que ces discussions se tiennent avec de nouveaux médiateurs.
Dans cet entretien accordé à CNN, le président nicaraguayen parle de l’Union européenne et de l’ONU. Il dit d’ailleurs s’être déjà entretenu avec l’ONU, ainsi que l’Union européenne notamment pour qu’ils l’aident à « renforcer les mécanismes de coordination et de conduite de ce dialogue ». Des déclarations qui n’ont pas été confirmées ni démenties par les concernés.