Colombie: Alvaro Uribe, dans le viseur de la Cour suprême, démissionne du Sénat

L’ancien président de la Colombie, farouche opposant des accords de paix avec les Farc négociés par son successeur, a démissionné de sa charge de sénateur mardi soir après que la Cour suprême ouvre formellement une enquête à son sujet pour corruption et fraude électorale.

Il avait prêté serment en tant que sénateur la semaine passée, après avoir été le responsable politique le plus confortablement élu des nouvelles assemblées en Colombie.

Le fondateur du Centro democratico, ancien président de 2002 à 2010 et mentor politique du nouveau président élu Ivan Duque -qui entrera en fonction en août-, a déclaré hier se sentir «moralement empêché» en tant que sénateur. D’autre part, la nécessité de préparer sa défense risquait de porter préjudice à sa mission politique. Cette démission a pour objet de faire de lui un justiciable ordinaire selon certains observateurs.

Alvaro Uribe fait l’objet d’une enquête de la Cour suprême pour manipulation de témoin et fraude en relation avec une affaire qui l’oppose au sénateur Ivan Cepeda (gauche). Dans un communiqué publié le 24 juillet, la Cour suprême annonce qu’elle a rassemblé suffisamment de preuves pour ouvrir une enquête formelle contre l’ancien président et contre un autre membre du Congrès, le député Álvaro Hernán Prada Artunduaga, également membre du Centro democratico.

L'enquête d'Ivan Cepeda en 2012

En toile de fond de cette enquête, les liens entre l’ancien président et les groupes paramilitaires en Colombie. Alvaro Uribe est soupçonné d’avoir manipulé des témoins pour faire condamner son collègue du Sénat et ennemi politique Ivan Cepeda. A l’origine de cette affaire, un dossier préparé en 2012 par Ivan Cepeda, alors président de la Commission des droits de l’homme de la Chambre des députés: il avait rassemblé des témoignages pour prouver les liens entre l’ancien président et les groupes paramilitaires.

Alvaro Uribe riposte alors et contre-attaque en portant plainte contre Cepeda qu’il accuse d’avoir corrompu ses témoins. En février dernier, coup de théâtre, la Cour suprême rejette les accusations d’Uribe contre Ivan Cepeda et déclare au contraire soupçonner l’ancien président avoir effectivement manipulé ces mêmes témoins.

Le haut tribunal ouvre désormais une enquête formelle, une nouvelle étape qui a provoqué un coup de tonnerre dans le ciel politique colombien.

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