La CIDH dénonce, ce vendredi, la répression subie par la population au Nicaragua et la censure mise en place par le gouvernement Ortega. Le secrétaire général de l'OAE, réunie en sommet extraordinaire pour l’occasion, « promet la justice » aux familles des victimes : « Les responsables des morts et des atrocités que nous avons documentés et que nous constatons encore au Nicaragua devront payer pour leurs crimes ».
« Fondamentalement, nous avons besoin d'une réponse politique et essentiellement une réponse du pouvoir. Elle est essentielle et la politique ne saurait prévaloir sur la volonté du peuple », déclare également Luis Almagro Lemes, qui réclame une réponse « rapide », car « plus le temps passe, plus il y a de répression, de violence, de morts ». En attendant, l’OAE a d’ores et déjà « initié le travail des observateurs indépendants » et demande « l’arrêt immédiat des violences ».
« Usage arbitraire de la force létale »
Antonia Urrejola, rapporteuse de la Commission abonde dans le même sens. Elle rappelle que la CIDH s'est rendue dans différents hôpitaux à Managua, Leon et Matagalpa, de même qu’à l'institut médico-légal. Elle s'y est entretenue avec des médecins volontaires « qui ont rapporté l'arrivée de blessés par armes à feu, la plupart d'entre eux présentant des impacts de balle à la tête, aux yeux, au cou et au thorax ». Elle y a également « eu connaissance de blessés graves atteints par balles dans le dos », tandis que les rapports d’autopsie qu’elle a analysés montrent « dans de nombreux cas » des orifices d’impact situés sur des zones vitales. Autant d’éléments qui mettent en lumière « un usage arbitraire de la force létale et l'existence d'exécutions extra judiciaires ».
La CIDH attire aussi l'attention sur l’âge des victimes : « La majorité des 212 personnes assassinées sont des jeunes ». Il y a eu notamment « 16 enfants et adolescents victimes de mort violente dans le contexte de la répression des manifestations ». « On ne peut pas recourir à la force potentiellement létale simplement pour maintenir ou restituer l'ordre public » conclut Antonia Urrejola.
L’organisation qu’il représente propose pour sortir de la crise « un chemin vers la démocratie » rapporte enfin Luis Almagro Lemes, avec l’organisation d’élections générales, présidentielles et parlementaires anticipées, « dans un minimum de 9 mois, le temps de réviser le registre électoral ».
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