Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf
À deux, trois ou cinq, les candidats présidentiels colombiens ont débattu plus de 50 fois à la radio ou à la télévision. Ils se tutoient tous maintenant, et s’appellent par leurs prénoms. Mais les divergences idéologiques restent profondes.
Vendredi 25 mai soir, ils ont parlé impôts, sécurité, éducation... et évidemment de la paix dans le pays. Le candidat libéral Humberto de la Calle, qui a été négociateur de l’accord avec la guérilla, s'en est pris avec véhémence à Ivan Duque, le candidat de la droite dure. Car ce dernier s’est toujours opposé au processus de paix et parle aujourd’hui de revoir ce qui a été signé.
« Je demande aux Colombiens de se mettre la main sur le cœur, a dit Humberto de la Calle. Nous voulons la paix, oui ou non ? Et de décider si nous voulons la paix. Notre ami Ivan dit qu’il ne va pas toucher aux accords sur le fond, seulement modifier de petites choses. Elles ne sont pas petites, Ivan. Moi, je vois qu’il y a comme un plan pour saboter la paix. »
« Un accord de la société tout entière pour vivre ensemble »
« Toi Humberto, tu nous as dit que les chefs des Forces armées révolutionnaires de Colombie n’arriveraient pas au Congrès avant d’avoir purgé leur peine de prison. Et ils vont y rentrer direct, répond Ivan Duque à Humberto de la Calle. Ce qu’il nous faut, c’est un accord de paix qui respecte la justice. »
Quant au candidat de la gauche indépendante Gustavo Petro, il déplace pour sa part le débat : « Moi, je veux remercier Humberto pour ce qu’il a fait. Mais la paix n‘est pas le résultat d’une négociation de paix avec la guérilla, c’est un accord de la société tout entière pour vivre ensemble. »
Ivan Duque et Gustavo Petro se retrouveront probablement en ballotage dimanche soir.