Nicaragua: le recul d'Ortega sur les retraites suffira-t-il à apaiser la colère?

Le président nicaraguayen Daniel Ortega a annoncé dimanche 22 avril son recul sur la réforme controversée des retraites. Depuis la semaine dernière, d'importantes manifestations ont éclaté dans les principales villes du pays. Une contestation violemment réprimée : au moins 25 personnes ont été tuées en cinq jours selon le Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh). Mais le retour en arrière du pouvoir sur le dossier de la réforme des retraites ne semble pas pour autant inciter les manifestants à quitter les rues.

Des voitures incendiées, des affrontements entre manifestants et policiers, un journaliste tué par balles. Ces manifestations sont les plus graves depuis l'arrivée au pouvoir d'Ortega il y a onze ans.

Pour le sociologue Oscar René Vargas, il y a aujourd'hui trop de mécontentements au Nicaragua pour que cette contestation prenne fin. « Je ne crois pas que ça va s’arrêter car le problème du président Ortega, c'est que cette réforme de la sécurité sociale est une goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Au fur et à mesure que les protestations avancent, les revendications de la population sont de plus en plus nombreuses. Les gens sont fatigués. »

Les gens sont fatigués par la corruption, les hausses du prix de l'électricité et du carburant, la réduction des aides sociales. Résultat : la réforme des retraites n'est pas passée dans ce pays où quatre habitants sur dix vivent avec moins de deux euros par jours. Face aux manifestations, l'armée a ouvert le feu.

« Le gouvernement parie sur une nouvelle répression pour utiliser l’armée, analyse le sociologue Oscar René Vargas. Ortega parie sur ça. Je pense que les arrestations et le nombre de morts vont augmenter. Selon moi, la moindre étincelle pourra mettre le feu aux poudres et les protestations vont se généraliser. »

« La situation est maintenant hors de contrôle »

Malgré l'annulation de cette réforme, un appel à la grève générale a été lancé ainsi qu'une marche pour la paix. Le Cenidh ne cache pas son inquiétude. « La répression est généralisée », souligne Vilma Nuñez, la président et fondatrice de la structure.

« En tant qu'organisation des droits de l’homme, nous sommes débordés par les plaintes qui arrivent de tout le pays. Nous pensons que le président a été complètement irresponsable, en se refusant à donner une réponse adéquate aux manifestants, pour mettre un terme à cette répression. »

Vilma Nuñez craint désormais une véritable perte de contrôle de la situation. « Ce sont des demandes légitimes, mais le gouvernement essaie de les discréditer. Cette répression est une politique qui émane directement de la vice-présidente de la République. Et apparemment, la situation est maintenant hors de contrôle. De son côté le gouvernement se contente seulement d'accuser une supposée "droite criminelle". Donc la situation est vraiment grave. »

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