Nicaragua: violentes manifestations contre la réforme des retraites

Au Nicaragua, la population ne décolère pas face au projet de réforme du système des retraites annoncé par le gouvernement du président Daniel Ortega. Cette réforme prévoit une augmentation des cotisations et parallèlement une baisse des retraites de 5%. Les manifestations à travers tout le pays ont été violemment réprimées par le régime, faisant dix morts et plusieurs dizaines de blessés.

Au moins dix personnes ont été tuées dans de violentes manifestations contre la réforme des retraites ces jeudi et vendredi. La vice-présidente Rosario Murillo a qualifié ces manifestations « d’émeutes » organisées par des individus cherchant « à briser la paix et l'harmonie ».

Dans une déclaration vendredi, Rosario Murillo a ajouté que le gouvernement était disposé à discuter avec les manifestants de la proposition d'augmenter les contributions des employeurs et des salariés au système de retraites, à l'origine de la mobilisation qui a débuté dimanche.

Le président Daniel Ortega doit formellement annoncer ce samedi 21 avril 2018 que « le dialogue reste ouvert » et que « tous les sujets sont sur la table ».

Problème de gestion des dépenses

La politologue et députée de l’opposition Edipica Dublon explique que tout est parti d’une recommandation du FMI en juin dernier, demandant au régime Ortega de modifier la gestion des dépenses de l'Institut de sécurité sociale. Pourquoi ? « Parce que depuis que le régime est au pouvoir, il utilise cette institution comme une caisse noire pour financer des projets qui ne bénéficient qu'à l'entourage des classes politiques dirigeantes », estime Edipica Dublon.

La députée explique que de « investissements gigantesques » ont été effectués, prenant l’exemple de « la construction d'un bâtiment de 14 étages » ou celui d’« un investissement de 7 millions de dollars avec l'aide du gouvernement russe, censé financer l'installation d'une entreprise de production de vaccins ». Or, cette entreprise « n'a jamais été construite, alors que les fonds ont été versés », déplore-t-elle, soulignant que le cas n’est pas isolé.

« Et maintenant on se réveille avec un décret qui vise à réformer les conditions des retraités, de ceux qui cotisent et des entreprises privées, tout ça sans aucune remise en question et aucune transparence quant à la mauvaise utilisation des fonds... Et sans se préoccuper non plus de la masse salariale de la sécurité sociale que le régime a gonflée », déplore la politologue.

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