Canada: l'augmentation des incidents à caractère religieux inquiète

Traditionnellement, les religions se côtoient en toute tranquillité au Canada, mais la situation semble se dégrader dans ce pays pacifique. En début de semaine, sept synagogues à travers le pays ont reçu des lettres haineuses anonymes. Par ailleurs, une chaîne de télévision québécoise a diffusé une fausse nouvelle à propos d’une mosquée de Montréal qui a poussé des individus à manifester devant ce lieu de culte le jour de la prière.

De notre correspondante à Montréal,

La cohabitation entre les Canadiens venus des quatre coins de la planète semble plus difficile. Bien sûr, le Canada ne vit pas en vase clos. Ses habitants réagissent aux évènements mondiaux, comme la décision de Donald Trump d’installer l’ambassade américaine à Jérusalem. Quelques jours plus tard, pas moins de sept synagogues dans les principales villes canadiennes ont reçu des lettres qui appelaient à la mort des juifs.

Ces lettres sont arrivées en pleine fête d’Hannukah, la fête des lumières, qui se déroule en décembre selon le rite judaïque. La police canadienne a lancé une enquête. Ces messages de haine s’ajoutent à la longue liste d’incidents antisémites dont le nombre ne cesse de grimper au Canada selon le mouvement juif B’Nai Brith.

Le 13 décembre dernier, les musulmans d’une mosquée de Montréal ont eux aussi été pris à partie dans une autre affaire. Une mini-manifestation a réuni quelques militants du groupe d’extrême droite Atalante devant un lieu de culte musulman dans la métropole québécoise un vendredi, jour de prière.

Les membres de ce groupe s’insurgeaient contre la prétendue éviction d’employées féminines d’un chantier voisin le vendredi. Sauf que cette information, qui a fait l’objet d’un reportage sur la chaîne québécoise TVA, à une heure de grande écoute, s’est avérée totalement fausse. Jamais les responsables de la mosquée n’ont demandé une telle disposition aux dirigeants du chantier.

Des groupes d’extrême droite profitent d’une fausse information

Depuis, la station de télévision a présenté ses excuses, mais cela n’a pas empêché le groupe d’extrême droite de maintenir la manifestation au nom de la défense des valeurs québécoises. Plusieurs de ses membres persistent à croire que les musulmans refusent de voir des employées féminines sur le site de la mosquée. Ils ne croient pas que cette histoire soit fausse, alors qu’aucun fait ne vient corroborer la version du reportage controversé.

Cette prétendue exclusion des femmes de l’espace public correspond en tout point à ce qu’ils dénoncent dans leurs discours. Des membres du groupe La Meute ou Storm Alliance multiplient leurs activités sur les réseaux sociaux pour affirmer haut et fort que les étrangers ne doivent pas dicter leur conduite aux Québécois. Un des slogans d’un autre groupe, l’Atalante, affirme d’ailleurs « les nôtres avant les autres ».

Ces personnes ont l’impression que le Québec se transforme au contact des nouveaux arrivants, surtout ceux qui pratiquent la religion musulmane. De leur côté, plusieurs des musulmans de la ville de Québec considèrent qu’ils sont parfois victimes d’intolérance.

Pour rappel, la mosquée de cette ville a fait l’objet d’un attentat le 29 janvier dernier où six personnes ont été tuées par un tireur solitaire. Quelques mois plus tard, la voiture du responsable du centre islamique a été incendiée et le coupable est toujours recherché. L’atmosphère est donc assez tendue même si les discours d’intolérance n’ont aucune résonnance parmi les partis politiques officiels.

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