Avec notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas
Plusieurs des experts conviés à la rencontre de Québec ont déboulonné quelques mythes. Non, la simple lecture de sites extrémistes ou de textes haineux sur internet ne suffit pas à laver le cerveau d’un adolescent. Et censurer les sources de propagande ne les fait pas disparaître. Témoignant derrière un écran opaque pour préserver leur anonymat, un garçon et une fille ont raconté les raisons qui les ont poussés à vouloir rejoindre les islamistes en Syrie.
Ben, 19 ans, souffrait de voir sa communauté musulmane stigmatisée par la culture dominante au Québec : « Les autorités essayent d’arrêter les jeunes qui veulent partir mais elles n’essaient pas de comprendre pourquoi. »
A cette époque, les informations glanées sur les sites islamistes par le jeune homme renforçaient son sentiment d’exclusion face à la société occidentale.
Démonter les discours
Le Canadien Mubi Shaikh a vécu lui aussi plusieurs années sous l’emprise du discours islamiste. Il collabore aujourd’hui avec la police en utilisant ses connaissances du coran pour démonter le discours extrêmiste : « Si vous vous engagez dans ce combat sans parler le même langage qu’eux, ils ne vous prêteront aucune attention. Et vous allez rater votre objectif. »
Selon cet expert indépendant, il faut donner davantage de pouvoir aux leaders religieux qui ne détournent pas l’islam à des fins extrémistes ou violentes. Une façon d’utiliser le coran pour battre l’organisation de l’Etat islamique à son propre jeu.