De notre correspondante à Santiago,
Selon les données officielles, environ 200 000 personnes ont fait une demande de visa au Chili l'an dernier, soit 30 % de plus qu’il y a cinq ans. Parmi ces personnes, on trouve aujourd'hui en majorité des Vénézuéliens et des Haïtiens. A Santiago par exemple, leur accent se fait entendre partout dans le centre-ville alors qu'ils étaient auparavant beaucoup plus rares.
Rien que sur les six premiers mois en 2017, les demandes de visa ont dépassé celles déposées au cours de toute l'année dernière par les Vénézuéliens. Cela dit, en dehors de la capitale, ces nouveaux arrivants sont beaucoup moins nombreux. Au niveau national, ils représentent une part infime de la population chilienne.
De nombreuses difficultés pour les Haïtiens
Au Chili, l'accueil est assez différent selon le pays d'origine. Globalement, les Vénézuéliens trouvent assez facilement du travail, même s'il ne correspond pas toujours à leurs diplômes, surtout au début. Ils bénéficient d'un certain capital sympathie auprès des Chiliens. Les échanges sont aussi faciles car les deux pays partagent la même langue.
Par contre, les Haïtiens font face à de nombreuses difficultés. La plupart ne parlent pas espagnol en arrivant et sont davantage à la merci de réseaux qui leur font payer très cher leur logement par exemple. Leurs diplômes ne sont pas reconnus et ils se retrouvent le plus souvent dans des emplois précaires. Enfin, selon la sociologue Maria Emilia Tijoux, ils sont particulièrement victimes de préjugés racistes.
Le Chili est un pays d'immigrés, mais la majorité d'entre eux sont arrivés il y a plus de 70 ou 80 ans. Dans l'histoire récente, les arrivées n'ont vraiment commencé qu'à partir de la fin de la dictature en 1990, et selon les mots de Maria Emilia Tijoux, le Chili « se pense toujours blanc » et « se veut blanc », ce qui favorise, dit-elle, ces préjugés racistes.
De nouvelles restrictions ?
Face à ce flux migratoire, un texte est actuellement en discussion au Parlement. Il pourrait aboutir à de nouvelles restrictions à l'entrée pour les étrangers. Cependant, le Chili vient d'élire un nouveau président, Sebastian Piñera, ou plutôt de le réélire, car le milliardaire a déjà gouverné le pays il y a quatre ans.
A la fin de son premier mandat, il avait lui aussi présenté un texte sur l'immigration, finalement enterré par le gouvernement suivant. Il prévoyait notamment d'interdire aux étrangers l'accès aux soins médicaux publics, hormis les urgences, s'ils vivaient dans le pays depuis moins de deux ans.