Avec notre correspondante à Santiago du Chili, Justine Fontaine
On s'attendait à un scrutin très serré au Chili, l'ex-président Sebastian Piñera l'emporte finalement assez largement (54,57%) face à l'ancien journaliste Alejandro Guillier (45,43%), sur le dépouillement quasi total. Piñera, dixième fortune du Chili, s'est notamment enrichi en développant le système des cartes de crédit dans le pays dans les années 80. Il prépare donc son retour au palais présidentiel de la Moneda depuis qu'il a quitté le pouvoir en 2014, laissant la place à la socialiste Michelle Bachelet.
Donné favori depuis des mois, il a pourtant obtenu un score décevant au premier tour et a fait preuve d'une certaine nervosité pendant le dernier mois de la campagne. Sebastian Piñera a même modifié un peu son programme : promettant de développer la gratuité dans l'enseignement supérieur, alors qu'il s'y était opposé de nombreuses fois dans le passé, notamment lors de son premier mandat.
Au-delà de ses slogans comme « hauts les cœurs » ou encore « des jours meilleurs », Sebastian Pinera a surtout convaincu les électeurs par son discours sur l'économie. Il affirme en effet qu'il va relancer la croissance et créer des emplois, un argument de poids dans un pays encore très marqué par le néolibéralisme développé sous la dictature du Général Augusto Pinochet.
Une « victoire large et irréfutable »
Son concurrent Alejandro Guillier a d'ores et déjà reconnu sa défaite. « Nous avons subi une rude défaite. Et c'est des défaites qu'on tire les enseignements les plus précieux. Nous devons reprendre courage et aller défendre les réformes auxquelles nous croyons, la société pour laquelle nous avons travaillé, et nous allons constituer une opposition constructive et républicaine, comme le veut notre tradition, ici au Chili », a déclaré le candidat déçu.
Alejandro Guillier a également pris soin de féliciter le nouveau président élu de « sa victoire large et irréfutable ». « Le Chili a exprimé un choix que nous devons respecter et duquel nous devons tirer tous les enseignements, a-t-il ajouté. C'est pourquoi, en cette journée douloureuse, je voudrais vous dire que ma famille et moi nous engageons à continuer de travailler pour le Chili auquel nous croyons. C'est une défaite électorale, mais ce ne sera pas une défaite politique si nous nous montrons capables de faire avancer nos forces, nos convictions, et notre engagement pour le Chili. »