C'est en décembre 2015 que M. Lliuya avait déposé une première plainte, peu avant l’ouverture de la COP21. Il avait été débouté en décembre 2016 par le tribunal de Essen où se trouve le siège de RWE. Le dossier a ensuite été porté devant la cour d'appel de Hamm qui accepte donc d'examiner sa requête. Les experts doivent maintenant déterminer le rôle des émissions polluantes de RWE dans la fonte de gigantesques blocs de glace dans les Andes qui, transformés en lagunes, menacent d'engloutir la localité de Saul Lliuya, Huaraz, capitale de la province de Ancash dans le nord du Pérou.
Dans cette bataille juridique inédite, c'est une victoire d'étape importante, mais le plaignant péruvien reste sur ses gardes. « Je me sens content et heureux, explique Saul Lliuya. Mais d'un autre côté, cela ne change rien à la situation ici. Je ne sais pas en quelle mesure cette action légale va pouvoir nous aider à freiner le réchauffement climatique et la fonte des glaces, ainsi que les risques que cette fonte fait peser sur nous comme la montée du niveau de l'eau et les avalanches.
Mais sur le plan juridique, je suis bien sûr heureux que nous arrivions à faire quelque chose de positif pour tout ça. J'ai des amis et des avocats qui réfléchissent à la possibilité d’entamer des actions en justices similaires contre des entreprises qui sont basées ici. Car les entreprises industrielles, aussi bien celles d'autres pays que celles du Pérou, causent beaucoup de dégâts. Pendant ce temps, notre planète se réchauffe. Et nous espérons donc que notre démarche aura un écho mondial».
Le simple fait d'entamer les débats sur le fond, dans cette affaire, écrit une page d'histoire du droit, s'est de son côté félicitée Roda Verheyen, avocate de Saul Lliuya, qui est soutenue par l'ONG allemande Germanwatch. Du côté de RWE, on maintient « que cette action est injustifiée, parce qu'un seul émetteur ne peut être tenu responsable de phénomènes obéissant à d'innombrables causes », explique à l'AFP selon son porte-parole Guido Steffen. « On se retrouverait dans une situation où tout le monde attaque tout le monde. Quiconque se sent lésé dans un coin du monde pourrait demander des comptes», et à n'importe quel pollueur, «jusqu'au touriste qui prend l'avion», a-t-il développé.