Avec notre correspondant à Mexico, Patrick John Buffe
Un risque de fraude et une crise politique latente. C’est dans un climat tendu que se dérouleront ces élections, où les partis d’opposition contestent la candidature du président Juan Orlando Hernandez. Malgré l’interdiction constitutionnelle de réélection, il a pu se représenter en s’appuyant sur un arrêt de la Cour Suprême, qui a levé opportunément cette interdiction.
En plus, ses deux principaux adversaires accusent le Tribunal électoral, contrôlé par le Parti national au pouvoir, de préparer une fraude. Salvador Nasralla, de la coalition de gauche Alliance de l’opposition contre la dictature, et Luis Zelaya, du Parti libéral, dénoncent la mise en place de mécanismes frauduleux devant permettre au président Hernandez de remporter cette élection. Ce qui pourrait conduire à une crise politique post-électorale.
Face à ces risques de dérapage et par crainte de débordements si l’actuel président venait à être réélu, les électeurs pourraient bien bouder les urnes. D’autant plus qu’ils ne se font guère d’illusions sur la capacité des candidats à changer le Honduras. Un pays où la pauvreté touche 60% de la population, où le chômage est élevé, la corruption endémique et la violence imparable.
■ Analyse de Javier Calderon, politologue
« Le premier point à signaler c’est la manœuvre de Juan Orlando Hernandez, soutenu par la Cour Suprême de justice, pour pouvoir briguer un nouveau mandat. Mais pour lui, se représenter c'est contraire à la Constitution. Le deuxième point, qui est nouveau et important, c'est l’alliance de l’opposition, avec, à sa tête, le journaliste Salvador Nasralla qui a réussi à réunir les partis de gauche dans une alliance dirigée principalement contre la corruption. Et il faut surtout voir et comprendre comment l’Etat et la classe politique du pays ont dû accepter la réélection tout à fait illégale de Juan Orlando Hernandez, car, de leur point de vue, il n'y avait pas un autre bon candidat pour la présidence. »