Avec notre correspondant San Francisco, Eric de Salve
C’est la fin d’un jumelage vieux de 60 ans entre Osaka et San Francisco, en raison de quatre statues de bronze installées par la mairie dans le quartier de Chinatown. Ces statues illustrent la souffrance des femmes asiatiques placées dans des bordels pour soldats avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
La plaque commémorative du monument rend hommage à cette souffrance, endurée par des centaines de milliers de femmes faussement appelées « de réconfort », et qui ont été réduites à l’esclavage sexuel par l’armée impériale japonaise entre 1931 et 1945. De quoi susciter l’ire des autorités nippones.
Pour le consul général du Japon à San Francisco, ce mémorial « perpétue une interprétation unilatérale de l’histoire, sans avancer de preuve crédible ». Intolérable également pour le maire d’Osaka. « La relation de confiance entre nos deux villes sœurs a disparu », a déclaré Hirofumi Yoshimura jeudi.
C'est lui qui a annoncé la dissolution du jumelage de sa ville avec celle de San Francisco. Mais le gouvernement japonais a réagi également, déplorant que ce monument entre en conflit avec la position de Tokyo sur la question des femmes de réconfort, qui reste une donnée historique sensible dans l'archipel nippon.
A San Francisco, l’inauguration s’est déroulée en présence de survivantes de ces bordels. L'une d'elles, kidnappée en Corée à l’âge de 15 ans et enfermée dans un bordel de Taïwan par l’armée japonaise, est aujourd’hui âgée de 89 ans. Elle dit espérer dans le journal local des excuses sincères et des réparations du Japon.
→ Écouter sur RFI : Un refuge pour les anciennes femmes de réconfort à Séoul