A la Une: les premières inculpations du procureur Mueller

« Est-ce que la Maison Blanche a peur ? » s'interroge le New York Times, en ce jour d'Halloween, après les trois premières inculpations du procureur spécial Robert Mueller sur les ingérences présumées de la Russie dans la campagne présidentielle de 2016. « Vous savez que c'est un mauvais jour quand l'ancien directeur de campagne du président est inculpé, et que ce n'est que la deuxième information la plus dévastatrice » du jour. Car toute la presse américaine s'accorde à le dire, c'est la dernière inculpation de la matinée, celle de George Papadopoulos, ancien conseiller en politique extérieure, qui est la plus dangereuse pour la Maison Blanche. « Sa déclaration de culpabilité est la preuve la plus directe, selon le journal, d'une connexion entre cette campagne et les efforts de la Russie pour faire élire Donald Trump ».

Un signal envoyé à l’entourage de Trump

Pour Politico, le procureur a envoyé un signal à l'entourage du président américain lundi. Un signal destiné à « 3 ou 4 responsables et leurs avocats », croit savoir une avocate interrogée par le média américain, « qu’il a quelqu'un de son côté capable de nuire à leurs intérêts ». Pour Politico, les inculpations de lundi « suggèrent une feuille de route vers d'autres mises en accusation ». Le procureur, a en même temps contribué à « se protéger lui-même des attaques du président ». Selon un ancien procureur, il est désormais beaucoup plus difficile pour Donald Trump de « le virer ».

« Pas de collusion !!! »

Le président a suivi les évènements dans ses appartements, les yeux rivés sur sa télé, croit savoir le Washington Post. Il raconte les commentaires acerbes du président, sur les analyses des journalistes et politologues invités en plateau. Il a d'ailleurs publié deux tweets furieux, au moment de l'annonce de l'inculpation de son ancien directeur de campagne. « Pas de collusion !!! », écrit-il par exemple sur Twitter, à grand renfort de points d'exclamation.

Le Washington Post s'emploie à imaginer ce qu'aurait pu dire, à la place, un président « présidentiel ». Le discours d'un chef d'Etat qui respecte l'indépendance de la justice, mais qui aurait eu du mal à tenir sur Twitter en 280 caractères...

Argentine : la procureure générale démissionne

En Argentine,Alejandra Gils Carbó a été poussée à la démission, dans un contexte de fortes pressions de la part du gouvernement Macri. Dans sa lettre de démission, rapporte La Prensa, elle dit espérer que sa décision « découragera les réformes qui briseraient l'équilibre qui devrait régir le système d'administration de la justice ». Car pour faire pression sur la procureure, le gouvernement n'y était pas allé de main morte. Dès le début de son mandat, rappelle Pagina 12, « le président avait annoncé qu'il voulait la tête de la cheffe du parquet ». Résultat : deux procédures judiciaires enclenchées contre Alejandra Gils Carbo « pour l'encercler ». Mais aussi « le harcèlement, la publication du numéro de téléphone de sa fille, qui a reçu toutes sortes de menaces (...) et le recours aux réseaux sociaux », souligne le journal argentin, ainsi que « la volonté de modifier la loi organique du ministère public pour pouvoir la révoquer ». Selon Pagina 12, la procureure générale s'est donc sabordée pour que la loi ne soit pas modifiée, et que son successeur puisse toujours être désigné « par un consensus minimum entre les différentes forces politiques ».

Venezuela : l’opposition abandonne-t-elle ?

Au Venezuela, les partis d'opposition ne participeront pas aux élections municipales du mois de décembre. La coalition de la MUD ne s'est pas encore exprimée, mais les trois principaux partis qui la composent y ont renoncé. Ils s'affichent - séparément - en Une des journaux vénézuéliens, avec leurs déclarations d'intentions. « Ceux qui décideront de participer seront exclus du parti », insistent ces formations. El Nacional rappelle l'humiliation, à son sens, provoquée par la soumission des quatre gouverneurs d'Action démocratique à l'Assemblée nationale constituante, à majorité chaviste, après leur victoire aux régionales. Il rappelle également les règles jugées partiales du Conseil national électoral. Mais le quotidien se demande au final dans son éditorial: « Est-ce-qu'[en refusant de participer aux élections municipales], nous n'abandonnons pas aussi tout effort de sauvetage de la démocratie ? »

Champ de marijuana

El Nacional revient aussi sur la brève arrestation de trois journalistes -italien, suisse et vénézuélien – lors d’un reportage sur le Centre pénitentiaire de l'Etat d'Aragua le mois dernier. Leur travail vient d'être publié. Les images et les vidéos qu'ils ont tournées, relayées par El Nacional, montrent des détenus armés dans l'enceinte de cette prison que le journal dit aux mains d'un gang. Elles montrent aussi les équipements à disposition des détenus : « des piscines, des écrans LED, (...) des antennes satellites, un zoo et même un champ de marijuana dissimulé derrière des bananiers » !

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