Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier
Hillary Clinton admet qu'il lui est toujours difficile d'encaisser sa défaite surprise à la présidentielle 2016 face à Donald Trump. Même si elle a rempli certaines obligations, elle s'est surtout réfugiée chez elle, à se promener dans les bois alentour, à ranger et à déguster quelques verres de vin.
Elle a aussi écrit un livre. Passage obligé ? Ressasser cette défaite ne la rend pas forcément plus sympathique aux yeux d'un public, qu'elle reconnaît avoir mal appréhendé. Elle regrette ainsi d'avoir mené une campagne traditionnelle, quand Donald Trump comprenait mieux ce que les Américains attendaient, et la manière de délivrer son message.
Malgré son comportement grossier, ses promesses intenables et son manque d'expérience politique, il a su captiver et capter les électeurs. « Un reality show a mené à l'élection d'un président. Puis il arrive dans le bureau Ovale et il dit : "Les gars, c'est beaucoup plus compliqué que je ne le pensais. Je n'avais pas idée à quel point c'est dur." Eh bien oui, parce que ce n'est pas un spectacle, c'est la réalité. »
Convaincue qu'elle l'emporterait, elle estime que l'enquête, bien vite abandonnée, sur l'utilisation de sa messagerie privée lui a été fatale. Et puis, la société américaine n'était peut-être simplement pas prête à élire une présidente, admet l'ex-candidate démocrate : « J'ai démarré la campagne en sachant que je devrai travailler encore plus pour faire accepter aux femmes et aux hommes l'idée d'avoir une femme présidente. »
Elle affirme désormais qu'elle n'a plus cette ambition. Son retour médiatique n'en est pas moins périlleux pour le Parti démocrate, sorti lui aussi exsangue de cette élection, et semblant surtout désormais vouloir tourner la page Clinton.
■ Les juteux contrats entre les ex-responsables politiques américains et les grandes maisons d'éditions
Après une rude bataille avec son éditeur, Simon & Schuster, Hillary Clinton a empoché 8 millions de dollars au titre d'avances. Une grande partie ira, selon l'avocat de l'intéressée, à des oeuvres caritatives.
Son époux, Bill, avait reçu un chèque de 15 millions de dollars, pour Ma Vie, ses mémoires publiées en 2004. Il avait écoulé 400 000 exemplaires le premier jour de la sortie. Son prédecsseur George W. Bush avait touché 10 millions, 1,5 million de plus que Ronald Reagan ou Jean Paul II, pour son ouvrage Entrez dans l'Espérance en 1994, même tarif aussi pour Alan Greenspan et sa chronique sur ses 18 années à la tête de la Réserve fédérale.
Mais les détenteurs du record resteront, et sans doute pour longtemps, Barack et Michèle Obama. Tous deux ont signé des contrats avec l'éditeur Penguin Random House pour un total de 65 millions de dollars selon le Financial Times. Le quotidien précise qu'ils prévoient eux aussi d'en verser une importante partie à des oeuvres, y compris à la fondation Obama.