A la Une: Trump à la Maison Blanche, le choc

« Donald Trump, président des Etats-Unis ». C’est le grand titre du Monde. On ne pouvait pas faire plus sobre et plus informatif… Les autres quotidiens se lâchent :

« L’ouragan », tonne Le Figaro.
« Tornade Trump », renchérit Le Midi Libre.
« L’onde de choc », insiste Nice Matin.
« American psycho », soupire Libération.
« Où va l’Amérique ? », s’interroge Le Télégramme.
« Et maintenant ? », se demande La Nouvelle République.
« L’inconnue », répond La Croix.

Enfin, peut-être le titre le plus frappant ce matin : « Lui président », assène La Dépêche. Oui, lui président… Personne ou presque ne voulait y croire…

« Le documentariste Michael Moore l’avait pourtant prédit, nous rappelle Le Monde. Dès le 23 juillet dernier. Dans une tribune écrite sur Le Huffington Post, dans laquelle le réalisateur américain expliquait, avec des arguments qui se sont vérifiés dans les urnes, pourquoi Donald Trump, “ce triste, ignorant et dangereux clown à mi-temps et sociopathe à temps plein, va devenir notre prochain président”. A l’époque, poursuit Le Monde, il s’adressait à ceux “qui vivent dans leur bulle […] où vous et vos amis êtes convaincus que le peuple américain ne va pas élire un idiot à la présidence” et il se disait extrêmement pessimiste sur les chances de victoire d’Hillary Clinton, qu’il aime bien personnellement, mais qui est, disait-il, “incroyablement impopulaire” et qui “représente la vieille politique, ne croyant en rien sauf à ce qui lui permet d’être élue”. »

La prédiction de Michael Moore s’est donc accomplie.

Double lame de fond

Et « c’est un ouragan qui emporte tout, s’exclame Le Figaro. Les calculs des sondeurs et les prévisions des experts. Le confort des élites intellectuelles et les certitudes des milieux d’affaires. La suffisance des hommes politiques et l’arrogance des médias. Une lame de fond dont la brutalité coupe le souffle. Un raz de marée sidérant dont l’onde de choc n’épargne pas nos rivages. Dans tout l’Occident, les peuples sont en colère. Nous avions choisi de ne pas le voir. »

Et au final, poursuit Le Figaro, « c’est l’alliance de la middle class et des poor white trash qui a fait la victoire de Donald Trump. Mais gare à la caricature ! Plus de 40 % des femmes ont voté pour Trump, plus d’un tiers des Latinos et 12 % des Afro-Américains. Les électeurs qui ont voté Trump n’ont pas obéi à un quelconque déterminisme “identitaire”, ils ont tout simplement voulu dire leur colère d’habiter – de plus en plus mal – un pays qui se défait. »

« De toute évidence, précise Libération, le Parti démocrate, comme la gauche dans beaucoup de pays, n’a pas su répondre à deux inquiétudes, à deux colères. La peur du déclassement et de la chute qui frappe une grande partie des classes moyennes et populaires a été totalement sous-estimée par les élites mondiales, tout occupées à faire l’éloge d’une mondialisation libérale dont elles sont les principales bénéficiaires. » Et puis « une deuxième crainte, pointe Libération, a rompu le lien traditionnel entre les classes populaires et les progressistes : la crainte identitaire. Le fer de lance du trumpisme, c’est l’Amérique blanche. Le rejet de la mondialisation se change presque partout en méfiance du grand large, en demande de fermeture, en xénophobie. La gauche n’a pas su opposer à cette révolte identitaire un projet d’avenir, des valeurs efficaces, des symboles forts. Devant le mal nationaliste, son rêve s’est étiolé. Le cauchemar n’est pas fini. »

Mêmes causes, mêmes effets ?

En effet, renchérit Le Monde, « L’élection de Donald Trump est un bouleversement majeur, une date pour les démocraties occidentales. […] Cet événement ouvre sur un nouveau monde, dont on peine encore à distinguer les contours mais dont une caractéristique est d’ores et déjà avérée : dans ce monde-là, tout ce qui était réputé impossible, ou irréaliste, devient désormais envisageable. […] Vue de Paris, la victoire de Trump, venant après le Brexit, est un avertissement de plus, prévient Le Monde. Dans le monde qui s’ouvre avec cette élection, tout est possible, même ce que l’on a encore du mal à regarder en face : la prise du pouvoir par un parti extrémiste. »

Attention, lance également La Dépêche, « Si le résultat de cette élection soulève tant d’inquiétude, c’est qu’elle précède la nôtre de six mois. Mêmes causes, mêmes effets ?, s’interroge le journal. Les boucs émissaires sont en tout cas identiques : la mondialisation, l’immigration, les élites. […] Nous n’avons pas le temps de nous réfugier dans un déni confortable pour croire qu’en France nous échapperions par miracle aux ouragans extrémistes. »

Et La Dépêche de s’interroger : « La gauche aujourd’hui éparpillée en mille directions, la droite dévorée par les ambitions personnelles sauront-elles demain l’une et l’autre résister face à une Histoire qui redevient tragique ? On peut toujours l’espérer. Et pourtant… »

Marine Le Pen en embuscade…

La Voix du Nord appelle un chat un chat… « Marine Le Pen, puisqu’il s’agit bien d’elle est bien la seule parmi les futurs candidats à la présidence française à penser que l’élection de Donald Trump est “une bonne nouvelle pour notre pays”. C’est surtout une bonne nouvelle pour elle, estime le quotidien nordiste, tant les racines du succès du milliardaire populiste ressemblent à celles qui font monter chez nous le vote FN, de scrutin en scrutin. La xénophobie certes, mais aussi la colère des laissés pour compte de la mondialisation libérale. »

Enfin cet avertissement lancé par Parisien… « Un monde s’effrite et une question brûle les lèvres : quel sera le prochain pays touché ? La réponse nous emmène en mai 2017, date de notre élection présidentielle. Le sentiment de défiance à l’égard des élites – politiques, médiatiques, culturelles, financières – est aussi un mal français. Marine Le Pen est aux aguets, prête à surfer sur la vague populiste. Le challenge, pour les autres prétendants à l’Elysée, est désormais limpide. Ils ont six mois, prévient Le Parisien, pour redonner confiance et espoir à leurs électeurs sans trahir les idéaux de la République. Un vertigineux compte à rebours est enclenché. »

Toutefois, veut croire Libération, il y a aussi risque pour Marine Le Pen : « Que le scrutin américain stimule aussi ses adversaires, contribuant par exemple à rassembler un peu la gauche ou à un phénomène de “vote utile” en faveur du mieux placé pour battre le FN. »

 

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