Venezuela: élection d’une Constituante dans un climat tendu

Le Venezuela votait ce dimanche pour l'élection de l'Assemblée constituante convoquée par le président Nicolas Maduro. A l'issue de ce vote, 537 membres seront élus pour cette Constituante. Parmi ses prérogatives : « rédiger une nouvelle Constitution ». 20 millions d'électeurs étaient appelés à ce scrutin auquel ne participait pas l'opposition, majoritaire à l’Assemblée nationale, qui considère qu'il s'agit d’une « manœuvre du gouvernement pour se maintenir au pouvoir ». Un scrutin sous haute tension donc. Un candidat a été tué par balle dans la nuit de samedi à dimanche à son domicile à Ciudad Bolivar et dans la matinée, un dirigeant de l'opposition a été tué dans une manifestation contre la Constituante à Cumana. Dans la capitale Caracas, au moins 4 militaires ont été blessés dans une explosion. Au total, au moins dix personnes ont trouvé la mort lors de cette journée de vote.

Avec notre correspondant au Venezuela,  Julien Gonzalez

Nicolas Maduro a été le premier à voter à 6 heures dimanche matin en compagnie de son épouse. Il faut dire que depuis le 1er mai, jour de l'annonce de la Constituante, les ténors du camp présidentiel se succèdent pour répéter ce même message : « La Constituante est la solution aux problèmes des Vénézuéliens ».

Un discours que rejette catégoriquement l'opposition qui dénonce les modalités du scrutin : près de 180 membres seront élus à partir de secteurs de la société comme les retraités ou les paysans, ce qui remet en cause selon elle le principe du vote universel.

Et surtout, l'opposition condamne la mise en place de la Constituante sans approbation préalable du peuple, sans référendum. C'est dans cette optique qu'elle avait organisé une consultation il y a deux semaines qui avait rassemblé plus de 7 millions et demi de votes contre la Constituante.

En conséquence, l'opposition a donc appelé les Vénézuéliens à boycotter le scrutin et à se rassembler sur la principale autoroute de la capitale malgré l'interdiction générale de manifester.

La Colombie a d'ores et déjà affirmé qu'elle ne reconnaîtra pas le vote de ce dimanche, un vote qui se déroulait en l'absence d'observateurs internationaux.

Plusieurs morts ce jour de vote

Un candidat à l'Assemblée constituante a été assassiné par balle chez lui dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé aujourd'hui le Parquet. « Un groupe a fait irruption » chez José Felix Pineda, un avocat de 39 ans, à Ciudad Bolivar « et lui a tiré dessus à plusieurs reprises », a indiqué le Ministère public vénézuélien sans évoquer d'éventuels motifs. Il s'agit du deuxième candidat assassiné. Le 10 juillet, José Luis Rivas a été abattu en pleine campagne électorale dans la ville de Maracay.

Tôt dans la matinée de dimanche, le leader régional de l'opposition vénézuélienne Ricardo Campos, 30 ans, a été tué dans la ville de Cumana, dans l'Etat du Sucre (nord-est) dans une manifestation contre la Constituante. Les circonstances de sa mort n'ont pas été précisées. Mais selon le député de l'opposition Henry Ramos Allup, ancien président du Parlement, Ricardo Campos a été tué par balle.

Trois hommes de 28, 39 et 43 ans ont été tués par balles lors de manifestations dans les Etats de Mérida (ouest) et Barquisimeto (ouest). Un militaire et deux adolescents de 13 et 17 ans ont également été tués durant des protestations dans l'Etat de Tachira (ouest), frontalier avec la Colombie. A Caracas, sur une avenue du quartier chic d'Altamira, ce sont au moins quatre membres des forces de l'ordre qui ont été blessés en fin de matinée par un engin explosif lors d'un affrontement avec des manifestants de l'opposition.

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