Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
Place de Mai, les tambours des militants marquent le rythme de la manifestation. Mais beaucoup de ceux qui se sont déplacés n'appartiennent pas à des organisations politiques ou des associations.
Simples citoyens, ils sont là pour dire combien ils ont été choqués par la décision de la Cour suprême qui a permis à un ancien tortionnaire de bénéficier de la loi dite « deux pour un », selon laquelle chaque année de détention préventive vaut deux années de peine, conduisant ainsi à une libération anticipée.
Mariela est indignée : « Les tortionnaires doivent être en prison. Et même une seule décision en faveur du " deux pour un " crée un précédent dans les consciences dont nous ne voulons pas. »
Quelques heures plus tôt, le Parlement avait voté à l'unanimité une loi interdisant que la mesure puisse être étendue à d'autres condamnés pour des crimes commis sous la dictature. Pour Sergio, c'est un sursaut : « Ils font aussi partie de notre histoire et ils sentent que les sentiments de la société ont été blessés. C'est pourquoi les parlementaires nous ont suivi. »
Si la classe politique a bien réagi face à la décision de la Cour suprême, c'est peut-être aussi parce que les Argentins lui ont rappelé que, quarante ans après, ils n'oublient pas.