Avec notre correspondant à Buenos Aires, Jean-Louis Buchet
« Nous voulons savoir où sont nos enfants, qu'ils soient en vie ou morts. » C'est ce que demandaient ces femmes coiffées d'un foulard blanc, le 30 avril 1977. Depuis, les « Mères de la place de Mai » ont fait leurs rondes tous les jeudis. Sous la dictature comme en démocratie. Et c'est en grande partie grâce à elles que les militaires responsables des disparitions sont aujourd'hui jugés et condamnés. Ce jeudi, elles se sont encore réunies, dans un climat presque festif.
Sara Brad est une de ces mères courage. « Il y a beaucoup d'émotion, beaucoup de souvenirs aussi. Mais le plus important pour nous est l'amour et l'affection des gens. Nous avons un objectif : que le rêve de nos enfants s'accomplisse, celui d'une Argentine plus juste », explique-t-elle.
Leticia, jeune psychologue qui n'a pas connu la dictature, est venue les soutenir. « Je crois qu'il est fondamental de ne pas oublier le travail qu'elles ont fait depuis quarante ans », estime-t-elle.
Depuis leur première marche, les « Mères de la place de Mai » se sont divisées en deux associations. Hebe de Bonafini est la présidente de l'une d'elles, la plus politisée. Elle nous livre son témoignage, sans oublier ceux qui, en France, les ont aidées dans les années de plomb. « C'est très émouvant de commémorer ces quarante ans. Et je dis merci à Pierre Bercis et à Danielle Mitterrand qui nous ont beaucoup aidés », souligne-t-elle.
A cause de ses positions extrémistes, Bonafini est critiquée par beaucoup. Mais aujourd'hui, l'heure n'est pas aux divisions.