De notre correspondant à Jérusalem,
Cette mésentente entre Barack Obama et Benyamin Netanyahu est due tant à des désaccords sur le fond qu'à des caractères guère compatibles. Leur dernière rencontre aux Etats-Unis en septembre dernier avait été marquée par des échanges de plaisanteries sur ce que ferait Barack Obama pendant sa retraite. Mais ces grands sourires cachaient mal la difficile relation personnelle entre les deux hommes. Les deux dirigeants semblaient avoir du mal à se comprendre.
Une anecdote relatée par le journaliste américain Jeffrey Goldberg illustre ces tensions. Il a recueilli des confidences du président américain sortant évoquant une rencontre, non datée, entre les deux hommes au cours de laquelle Benyamin Netanyahu aurait entrepris d'expliquer les dangers du Moyen-Orient à son interlocuteur. Une tirade qui ne fut pas du goût de Barack Obama qui y a vu de la condescendance et qui y a répondu, assez sèchement: « tu penses que je ne comprends pas ce dont tu parles mais je comprends ».
La colonisation et la création d'un Etat palestinien, les sujets qui fâchent
Sur le fond, les désaccords ont également vite émergé notamment sur la question de la résolution du conflit israélo-palestinien. Barack Obama espérait être le président qui, enfin, arriverait à régler ce conflit. Le discours fondateur de l'action qu'il entendait mener au Proche et au Moyen-Orient a été celui du Caire en juin 2009. Il a alors plaidé pour la création d'un Etat palestinien et l'arrêt de la colonisation israélienne. Deux sujets sur lesquels il est en profond désaccord avec Benyamin Netanyahu. Pour le Premier ministre israélien, un Etat palestinien ne peut être que le résultat de négociations entre les deux parties et ne peut en aucun cas être imposé par la communauté internationale.
Quant à la colonisation, elle a continué tout au long des mandats successifs de Benyamin Netanyahu. Et elle a été au coeur de tensions diplomatiques entre les deux pays. En mars 2010, Israël a ainsi annoncé la construction de 1 600 logements dans un quartier de Jérusalem-Est, en pleine visite du vice-président américain Joe Biden. Cela avait déclenché la colère de Barack Obama. Et cette question de la colonisation est restée une source de discorde pendant les huit dernières années.
Le paroxysme de ce désaccord fut probablement atteint le 23 décembre dernier avec le vote d'une résolution de l'ONU condamnant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est. Un texte adopté grâce à l'abstention des Américains. Et les Israéliens assurent que ce sont les Etats-Unis qui ont, secrètement, poussé cette résolution. L'administration Obama s'en défend. Et assure que l'abstention américaine est conforme aux positions traditionnelles des Etats-Unis sur le dossier, c'est-à-dire à la condamnation de la colonisation. Et l'un des conseillers de Barack Obama, Ben Rhodes, rejetait la faute sur le chef du gouvernement israélien: «le Premier ministre Netanyahu, a-t-il déclaré, a eu l'opportunité de mener des politiques qui auraient conduit à un résultat différent».
L'accord nucléaire iranien
Enfin, un autre sujet de désaccord profond entre les deux dirigeants, est l'accord sur le nucléaire iranien. Barack Obama savait le sujet tellement sensible pour les Israéliens qu'il leur a même caché les premières négociations menées avec la République islamique. Quand leur existence a été révélée, le chef du gouvernement israélien a alors cherché par tous les moyens d'empêcher qu'elles aboutissent. Il s'est même rendu à Washington où il a prononcé un discours au Congrès appelant les parlementaires américains à bloquer ce texte. Démarche vaine puisque l'accord a finalement été signé le 14 juillet 2015 et qu'il n'a pas aidé à améliorer les relations entre les deux hommes.