Avec notre correspondant à Caracas, Julien Gonzalez
La mesure prend effet immédiatement, selon le document, et ce « jusqu'à ce que ces pays conviennent avec le Venezuela des conditions pour rétablir ses droits en tant qu'Etat membre ». « Un coup d'Etat » au sein du Mercosur, dénonce Caracas, qui ne reconnait pas cette décision.
Motif de la suspension : selon les quatre autres pays, Caracas n'a pas rempli toutes les obligations inscrites dans le protocole d'adhésion au Marché commun du Sud. Le Venezuela avait intégré le Mercosur en 2012. Cette décision n'est cependant pas une surprise. En septembre dernier, le Mercosur avait fixé une date limite à Caracas, à savoir jeudi 1er décembre, pour remplir toutes les conditions.
Ces fortes tensions reflètent le nouveau virage que prennent notamment deux poids lourds du Mercosur et du continent sud-américain tout entier, le Brésil et l'Argentine, soutiens du Venezuela pendant de nombreuses années. L'élection de Mauricio Macri à Buenos Aires en décembre dernier, mais aussi l'arrivée de Michel Temer à Brasilia suite à la destitution de Dilma Rousseff cette année, ont changé la donne.
Ces pays constituent désormais des voix très critiques à l'égard du Venezuela et de Nicolas Maduro. Depuis septembre dernier, le Venezuela paraissait déjà bien malmené au sein de cette communauté économique ; le Marché commun du Sud venait en effet de lui retirer sa présidence tournante pour une présidence collégiale, ce que Caracas a toujours refusé.
Vers un changement d'époque en Amérique du Sud ?
En mettant en application son ultimatum, le Mercosur vient donc d'accentuer la pression sur le gouvernement de Nicolas Maduro, et d'isoler un peu plus le Venezuela au sein de la région. En conférence de presse, vendredi, la ministre vénézuélienne des Affaires étrangères l'a répété : les autorités vénézuéliennes n'ont reçu aucun courrier officiel.
« Le Venezuela n'a pas été informé de cette décision conformément aux normes du Mercosur. Donc, nous ne pouvons pas accuser réception de cette mesure, qui cherche à organiser un coup d'Etat au sein du Mercosur », dénonce-t-elle.
« Nous restons absolument attachés à la stricte légalité du système du Marché commun du Sud, ajoute Delcy Rodríguez. Le Venezuela annonce qu'il restera un Etat membre du Mercosur et nous continuons d'assurer la présidence tournante de cet organisme sous-régional. »
De son côté, la coalition d'opposition vénézuélienne, majoritaire à l'Assemblée nationale, a attribué cette mesure à « près de deux décennies d'erreurs du gouvernement ». Dans quelques jours, ce sera au tour de l'Argentin Mauricio Macri, vif détracteur du président vénézuélien, de prendre la présidence tournante du Mercosur.